Libye : Saadi Kadhafi en fuite au Niger, règlements de compte chez les anti-Kadhafi
Selon Niamey, Saadi Kadhafi est arrivé dimanche au Niger alors que l’union des premières heures de la lutte contre l’ex-« Guide » a fait place à un vent de division au sein des forces pro-CNT qui luttent toujours contre des poches de résistance.
Mis à jour à 12h12
Saadi Kadhafi, l’ancien footballeur, chef d’une unité d’élite de l’armée libyenne, se trouvait dans un convoi intercepté dimanche par l’armée nigérienne dans le nord du pays, a fait savoir le ministre nigérien de la Justice, Marou Amadou.
Saadi (photo ci-dessous, © AFP) n’est pas le premier proche de Kadhafi à essayer de trouver refuge dans le Niger voisin : plusieurs généraux pro-Kadhafi ont déjà réussi à franchir la frontière, malgré les assurances des autorités nigériennes qui comptent respecter leurs engagements auprès de la justice internationale en arrêtant tout Libyen recherché se trouvant sur son territoire.
Divisions internes
Quant aux rebelles libyens, il semblerait que le ciment anti-Kadhafiste qui les liait jusqu’à présent commence à se lézarder. C’est ainsi que des combattants à Misrata, la troisième ville du pays, ont contesté l’autorité du CNT, qui siège pour l’instant à Benghazi, refusant de remettre des chars abandonnés à l’autorité centrale provisoire. Autre incident, plus grave : 12 personnes ont été tuées et 16 autres blessées dans des affrontements samedi entre combattants anti-Kadhafi, au sud-ouest de Tripoli. Sur fond de rivalités anciennes, ces affrontements ont opposé des combattants de Gharyane et Kikla, d’une part, à des combattants d’Al-Assabaa, d’autre part.
La visite de Moustapha Abdeljalil samedi à Tripoli, devait aider à calmer fes tensions internes apparues récemment. « Nous ne devons pas oublier que Mouammar Kadhafi est toujours vivant et qu’il a toujours de l’argent et de l’or pour corrompre les gens » a mis en garde le numéro deux du Conseil national de transition libyen (CNT) avant d’annoncer la formation d’un nouveau gouvernement « dans l’espace d’une semaine à dix jours. »
Poches de résistance
Abdeljalil a également tenu à mettre en garde les rebelles contre une nouvelle monté en puissance des pro-Kadhafi : « Nous devons mettre toutes nos forces ensemble pour libérer les villes » encore aux mains des soldats loyalistes, a-t-il déclaré.
En effet, près de 48 heures après l’ultimatum lancé par le CNT aux villes fidèles à Mouammar Kadhafi, la situation était toujours proche du statu quo, les forces du nouveau régime n’ayant lancé aucune offensive d’envergure contre les résistants. « Aujourd’hui nous sommes toujours en stand-by, nous attendons les ordres » a expliqué un commandant pro-CNT, Atiya Ali Tarhoumi.
Des affrontements ont cependant été signalés dans plusieurs quartiers de Bani-Walid. « Toute la zone a été armée par Kadhafi et il y a des tireurs embusqués partout (…) et nous ne pouvons pas atteindre les hauteurs parce qu’ils nous tirent dessus », a raconté un combattant, Sami Saadi Abou Roueiss. Au poste médical de Ouichtata, un village proche, une journaliste de l’AFP aurait constaté trois morts tandis qu’un chirurgien dans un hôpital de campagne proche a affirmé avoir reçu 10 morts et 20 blessés.
Une radio de la ville où pourraient s’être réfugiés des proches du dirigeant en fuite a appelé les habitants à la résistance, diffusant en boucle le même message : « Ils viennent pour nous tuer. Ils veulent répandre la corruption et la destruction partout. Allez-y aujourd’hui, aujourd’hui, aujourd’hui. Maintenant que vous êtes armés, il n’y a pas d’excuses. C’est l’heure du djihad. »
Dans l’attente de la grande offensive
Sur le front ouest de Syrte, à 370 km à l’est de Tripoli, des centaines de combattants bien armés venus avec 200 pick-up de Misrata ont commencé à marcher vers la région natale de Mouammar Kadhafi. Selon un journaliste de l’AFP, les habitants faisaient le signe de la victoire au passage des combattants pro-CNT. « Nous avons avancé jusqu’à un endroit baptisé « checkpoint 50 » (à 50 km de Syrte, NDLR). Nous l’avons conquis et capturé six pro-Kadhafi », a affirmé le commandant Oumran al-Awaib, qui a ajouté : « Nous avons dû faire face à un déluge (de roquettes) Grad. Il y a eu aussi trois obus. »
Pendant ce temps, sur le front est de Syrte, les combattants pro-CNT étaient encore à une soixantaine de kilomètres de la ville. Selon un commandant du front interrogé dimanche, il n’y aura pas de grande offensive avant une semaine. Pourtant, après l’échec des négociations en vue d’une reddition des bastions pro-Kadhafi de Bani Walid, Syrte et Sebha (centre), le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, a donné samedi son feu vert pour lancer une action de grande envergure.
(Avec AFP)
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