Rwanda : en visite à Paris, Paul Kagamé veut « échapper à l’histoire »
En visite historique en France, le président rwandais Paul Kagamé a rencontré dimanche la diaspora de son pays, qu’il a appelé à oeuvrer pour « la reconstruction d’un nouveau Rwanda ». Il doit désormais s’entretenir avec son homologue Nicolas Sarkozy.
« Je suis heureux d’être venu ici, en France, à la suite de la visite du président français au Rwanda » en février 2010. C’est en ses termes que le président rwandais à inauguré sa visite historique dans l’Hexagone, lors d’un discours à la diaspora rwandaise, réunie à Aubervilliers près de Paris.
Paul Kagamé doit rencontrer ce lundi Nicolas Sarkozy. Il attend de cette réunion de pouvoir travailler avec son homologue français « pour voir comment échapper à l’histoire, pour avancer », a-t-il déclaré. Il s’agit de la première visite officielle du président rwandais depuis le génocide de 1994. Paul Kagamé vient ainsi poursuivre le processus de normalisation des relations franco-rwandaise, entamé en décembre 2009. Mais la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays suscite bien des remous, des deux côtés.
Une politique "méprisable"
« Il (Nicolas Sarkozy) l’a dit, il y a des gens qui étaient contre cette évolution. Moi, je ne connais pas cette politique, cette politique du mal. Nous avons dépassé ce genre de politique, qui est méprisable. Les gens qui la pratiquent sont méprisables. Et ce qui est méprisable nous fait perdre du temps », a fustigé Paul Kagamé.
Le président rwandais faisait notamment référence aux militaires français, accusés par Kigali d’être impliqués dans les massacres de 1994. De leur côté, plusieurs personnalités françaises ont jugé « insultant » que la France accueille Paul Kagamé, auteur de « graves accusations » à l’encontre de l’armée.
Lundi, les ONG n’ont également pas tardé à prendre à partie le président rwandais, à l’occasion d’une conférence de ce dernier sur le rôle de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, en dénonçant les violations des droits de l’homme dans son pays. Des membres de Human Rights Watch (HRW) et Reporters sans frontières (RSF) ont interpellé le président rwandais, mettant en avant des cas d’opposants incarcérés, de journaux fermés temporairement et de journalistes tués ou devant fuir le pays.
« Je ne comprends pas de quoi vous parlez », a simplement répondu Paul Kagamé, ajoutant qu’« il n’y a que Human Rights Watch qui ne voit jamais de progrès au Rwanda. Nous allons continuer à faire de notre mieux pour notre peuple », a -t-il ajouté, avant que Thierry de Montbrial, le directeur de l’Institut français des relations internationales (Ifri), qui accueillait la conférence, n’intervienne pour recentrer le débat.
Un "nouveau Rwanda"
Dimanche, face à une foule de 2 500 personnes venues de toute l’Europe, et notamment de Belgique, ancienne puissance coloniale au Rwanda, Kagamé a appelé la diaspora rwandaise à œuvrer pour la construction d’un « nouveau Rwanda qui donne une chance à tous ». « Notre temps, nous devons l’utiliser à des activités qui permettent la reconstruction du Rwanda, pour lutter contre la pauvreté, pour envoyer tous nos enfants à l’école », a-t-il déclaré.
Le président rwandais déjeune lundi avec son homologue français. Un entretien consacré « au développement du partenariat entre [les] deux pays et à l’approfondissement de [leur] coopération », selon l’Élysée. De son côté, l’opposition rwandaise a prévu de se faire entendre, en organisant des rassemblements à Paris, notamment mardi matin au moment d’une rencontre entre le dirigeant rwandais et le patronat français. (Avec AFP)
Voir l’interview de Louise Mushikiwabo, ministre des Affaires étrangères du Rwanda : "Beaucoup de gens refusent la normalisation entre la France et le Rwanda"
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