Libye : avec Kadhafi, les Touaregs perdent un fidèle protecteur

Très présente au Mali, au Niger, en Algérie, au Burkina Faso et en Libye, la communauté touareg a toujours été soutenue par Mouammar Kadhafi. Conséquence : jusqu’à aujourd’hui, l’ex-« Guide » retes très populaire au-delà les frontières de son propre pays.

Des quotidiens annoncent l’arrivée de Touaregs de Libye, le 2 septembre 2011 à Djanet en Algérie. © AFP

Des quotidiens annoncent l’arrivée de Touaregs de Libye, le 2 septembre 2011 à Djanet en Algérie. © AFP

Publié le 8 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Kaddafi : la traque
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« La Libye est le pays des Touaregs, leur base et leur soutien », avait déclaré en 2005 Mouammar Kadhafi devant des chefs touaregs qu’il avait invités à Oubari (centre-sud de la Libye). « Kadhafi est incontestablement l’allié des Touaregs, il les chérissait », souligne un employé de l’agence de voyage à Agadez, la « capitale » de la communauté nomade dans le nord désertique du Niger. « Les autorités libyennes nous délivraient automatiquement des permis de travail pendant que les autres Africains de l’Ouest sans papiers étaient persécutés », se souvient un ex-émigré en Libye, Yassine Souleymane.

On compte aujourd’hui 557 000 Touaregs en Libye, 1,7 million au Niger. Au total, on recense 5,2 millions de nomades d’origine berbère vivant dans le Sahara central. Et Kadhafi leur exprimait régulièrement son soutien inconditionnel.

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Allégeance

En Libye, Kadhafi a lui-même longtemps profité de l’allégeance des tribus touaregs, et ce dès son arrivée au pouvoir après le coup d’État contre le roi Idris 1er en 1969. La force de cette alliance remonte à la période coloniale, quand les tribus s’étaient unies contre la domination italienne.

En échange de leur soutien au « Guide », les chefs tribaux occupaient des fonctions clés dans le régime libyen. Hostile à toute forme de gouvernement centralisé, Kadhafi avait privilégié des liens de type familiaux. Avec sa chute, les logiques claniques pourraient être redessinées.

Car Mouammar Kadhafi ne lésinait pas sur les moyens, à l’intérieur comme à l’extérieur, pour séduire et s’attacher la fidélité intéressée de clans entiers. À Agadez par exemple, où il célébra en grande pompe, en 2007, la fête du « Mouloud » (commémorant la naissance du prophète Ma-homet), c’est à coût de milliards de dollars qu’il construisit des mosquées, modernisa l’aéroport, éclaira les voies publiques et réhabilita les rues.

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Se proclamer roi

Pour relier la grande ville du nord nigérien à son pays, l’ancien homme fort de Libye finançait la « Transsaharienne », une route longue de 1 100 km. Mais la crise libyenne en a interrompu les travaux. La chute  de l’ex-raïs brise également l’un de ses rêves les plus chers : réussir à « fédérer » les Touaregs au sein du « Grand Sahara »… avant de s’en proclamer roi.

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Même après avoir été chassé du pouvoir, le « Guide » déchu reste populaire au Niger, un pays qui ne compte pas moins d’1,7 million de Touaregs. À Agadez, comme dans de lointains campements touareg, ses portraits sont collés sur les portes de magasins et le drapeau vert de son régime flotte sur des maisons.

Selon plusieurs médias, qui n’apportent pas de preuves, le colonel Kadhafi se serait réfugié au Niger. Compte tenu de la fidélité sans faille que les Touaregs lui ont toujours manifestée, il n’est pas improbable que les protégés de Mouammar Kadhafi le protègent à leur tour. Jusqu’au bout, quelque part dans le désert…

( Avec AFP)

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