Égypte : des témoins de premier plan pour le procès Moubarak
Plusieurs personnalités éminentes de l’armée égyptienne et de l’administration Moubarak vont témoigner au procès du dictateur déchu qui se tient au Caire.
C’est ainsi que le chef du conseil militaire au pouvoir, le maréchal Hussein Tantawi, a été convoqué pour témoigner à huit clos dimanche au procès de l’ex-président égyptien Hosni Moubarak.
Huis clos pour la "sécurité nationale"
Le juge Ahmed Refaat qui dirige le procès va également appeler à la barre lundi le numéro deux de l’armée égyptienne, le chef d’État-Major Sami Anan. Mardi, ce sera au tour d’un autre homme-clé du régime de Moubarak de venir témoigner : le général Omar Souleimane, ancien chef des services secrets et vice-président de Hosni Moubarak. Il sera suivi les jours suivants de l’actuel ministre de l’Intérieur, Mansour el-Issaoui, et de son prédécesseur, Mahmoud Wagdi. Le juge Refaat a expliqué que le huit clos décrété pour la semaine à venir avait été décidé pour des raisons liées à la « sécurité nationale. »
Ces auditions font suite à une demande des avocats des familles de victimes de la répression de la révolution du 25 janvier. Mais la comparution du maréchal Tantawi avait également été réclamée par le défenseur de Moubarak, maître Farid el Dib, et un responsable militaire a fait savoir qu’il serait prêt à répondre à une telle convocation. Et le maréchal aurait beaucoup à dire : celui qui dirige de fait la transition politique de l’Égypte a été le ministre de la Défense de Moubarak pendant 20 ans.
"Faux-témoignage"
L’ancien président, 83 ans, a une nouvelle fois comparu allongé sur une civière en raison de son état de santé. Ses fils Alaa et Gamal ainsi que son ministre de l’Intérieur Habib el-Adli étaient également présent lors de cette quatrième audience, marquée par l’inculpation en pleine audience d’un officier de police, Mohamed Abdel-Hakim, accusé par le parquet d’avoir fait un « faux-témoignage », favorable de fait à Moubarak.
Le procureur a accusé l’officier de police d’avoir déclaré que les unités anti-émeute déployées au Caire en plein soulèvement populaire n’étaient équipées que de munitions à blanc et de grenades lacrymogènes, alors que durant l’enquête il avait aussi fait état de munitions de chasse mortelle.
Ses déclarations initiales étaient essentielles à la bonne marche du procès puisqu’elles avaient servi de base pour inculper Moubarak et son ministre de l’Intérieur de l’époque, Habib el-Adly, pour le meurtre des manifestants. Sans donner d’explication cependant, le juge Refaat a déclaré en fin d’audience que le policier était « innocenté » des accusations de faux témoignage.
Les avocats de la partie civile se sont émus de voir « les témoins à charge » présentés par le parquet, devenir de facto des « témoins à décharge.» Car les témoignages des autres officiers de police n’ont jusqu’à présent pas permis d’étayer les accusations selon lesquelles Moubarak et el-Adly seraient impliqués dans les ordres de faire feu.
Pressions sur les témoins ?
Essam el Batawi, l’avocat de l’ancien ministre de l’Intérieur a fait savoir à l’AFP que « leur témoignage confirme ce que les accusés ont dit, à savoir qu’ils n’ont pas donné l’instruction d’utiliser des balles contre les protestataires ».
Mais de leur côté les avocats des familles des victimes ont estimé que « les témoins avaient fait l’objet de pressions pour changer leur témoignage ».
Manifestation
A l’extérieur, une centaine de personnes a manifesté contre M. Moubarak, brandissant notamment des affiches à son effigie avec une corde autour du cou. Mais contrairement aux autres audiences, aucun incident notable n’a été signalé.
Des heurts ont toutefois opposé mardi soir la police à des supporters de football ayant brûlé des dizaines de voitures et scandé des slogans hostiles à l’ancien président dans un stade du Caire, faisant près de 80 blessés.
(Avec AFP)
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