Le sida continue de menacer la sécurité mondiale
En Juillet 2000, pour la première fois dans l’histoire, une question de santé publique – le sida – était discutée au Conseil de sécurité des Nations unies comme une menace majeure pour la paix et la sécurité internationales. Le Conseil de sécurité avait alors adopté une résolution présentée par les États-Unis visant à contrer les conséquences de la violence et de l’instabilité sur la propagation du VIH.
Onze ans plus tard, la menace du VIH continue de peser sur la sécurité mondiale de manière plus complexe qu’on ne le pensait à l’époque. C’est pour cette raison que le Conseil de sécurité s’est à nouveau penché sur le problème posé par l’épidémie de Sida.
Le 7 juin 2011, le Président du Gabon Ali Bongo Ondimba a présenté une résolution appelant à l’intensification des efforts de tous les États membres des Nations unies dans la réponse au VIH au sein des forces de maintien de la paix et dans les situations de conflits et de post-conflit. Cette résolution a été adoptée à l’unanimité par le Conseil de sécurité.
Adoptée sous le numéro 1983, la résolution souligne la nécessité pour tous les personnels en uniforme, en particulier les militaires, d’être à la pointe des efforts de prévention et de traitement et de servir de modèle par une conduite exemplaire.
Plus ambitieuse que celle de 2000, la résolution 1983 reconnaît et souligne le lien délétère entre la violence contre les femmes et le VIH dans les situations de conflit et post-conflit. Avec le viol de plus en plus utilisé comme une arme de guerre, la menace que constitue le VIH pour les femmes dans les situations de conflit est plus réelle que jamais.
Cette résolution constitue ainsi une nouvelle étape dans la compréhension des liens entre SIDA et sécurité. Elle appelle à une action concertée pour lutter non seulement contre le VIH mais aussi contre les violences sexuelles et vise à promouvoir l’autonomisation des femmes dans leurs efforts pour réduire leur risque face au VIH dans les situations de conflit et post-conflit.
Elle souligne en outre l’importance de la contribution des Casques bleus à la riposte au Sida au travers de leurs contacts avec les communautés locales, par leur appui au renforcement des institutions nationales et par l’intégration de la question du VIH dans les processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.
En Afrique, sida et conflits sont inextricablement liés. Le processus mis en place par l’Union africaine pour construire et renforcer ses propres forces de maintien de la paix doit s’accompagner des efforts nécessaires pour faire de celles-ci un vecteur de changement positif dans la riposte au VIH et l’élimination de la violence contre les femmes.
Onze ans après les États-Unis, c’est un pays africain, le Gabon qui, conscient de ses responsabilités aux niveaux continental et international, a porté cette résolution devant le Conseil de sécurité. Cela constitue un pas décisif dans la responsabilisation des nations africaines et leur leadership dans l’élaboration des politiques au niveau mondial.
De manière emblématique la résolution du Conseil de sécurité a été adoptée à la veille d’une réunion de haut niveau des Nations unies sur le sida qui s’est tenue à New York du 8 au 10 juin 2011. Cette réunion qui a réuni plus de 30 chefs d’État et de gouvernement, la plupart africains, a marqué le renouvellement de l’engagement de la communauté internationale dans la riposte au Sida et une avancée sans précédent dans l’intégration des droits humains.
L’Afrique est le continent le plus touché par les conflits et le plus affecté par l’épidémie de sida. L’Afrique sub-saharienne abrite 67% des 34 millions d’adultes et d’enfants vivant avec le VIH aujourd’hui dans le monde. En s’engageant activement dans le leadership de la réponse à l’épidémie, les pays africains peuvent aider le monde à vaincre le sida.
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Michel Sidibé, Directeur exécutif de l’ONUSIDA et Secrétaire général adjoint des Nations unies
Flavien Nziengui-Nzoundou, ministre de la Santé du Gabon
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