Égypte : des témoins « à décharge » dans le procès Moubarak

Plusieurs personnes ont été appelées à la barre pour témoigner dans le procès du président déchu Hosni Moubarak lundi. Les accusations n’étant pas suffisantes, le procès a été ajourné à mercredi.

Des manifestants hostiles à Hosni Mubarak protestent lors de la reprise de son procès. © AFP

Des manifestants hostiles à Hosni Mubarak protestent lors de la reprise de son procès. © AFP

Publié le 6 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Une seconde fois, Hosni Moubarak a assisté à son procès alité sur une civière. La dizaine d’heures de débat, lors de l’audience qui a eu lieu lundi, n’a pas suffi à convaincre le tribunal quant à une responsabilité du président égyptien dans la répression meurtrière de la révolte populaire qui a conduit à sa chute le 11 février.

Quatre policiers étaient convoqués en tant que « témoins à charge » , mais Me Gamal Eid, l’un des avocats des familles des victimes et militant pour les droits de l’homme, s’est dit « surpris de voir qu’il s’agissait plutôt de « témoins à décharge ».

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À la barre, le responsable des services de communication des forces anti-émeutes, Hussein Saïd Mursi, a indiqué avoir entendu des gradés de la police mentionner le recours aux armes automatiques contre les manifestants le 28 janvier, l’une des journées les plus violentes de la révolte.

Le général Ahmed Ramzi (le chef des forces anti-émeutes) « a donné des instructions claires qu’il fallait protéger le ministère de l’Intérieur et faire face aux manifestants avec les armes », a-t-il dit déclaré, en mentionnant « les balles en caoutchouc et les armes automatiques ». Mais Hussein Saïd Mursi n’a pas poussé d’avantage les accusations, n’a pas évoqué d’ordres venant de plus haut, ni impliqué directement le président déchu.

Déception pour les proches des victimes

Un autre témoin, l’officier de police Emad Badr, a quant à lui, assuré que « les instructions que nous avions étaient de faire preuve de retenue ».
Des témoignages bien trop faibles pour parvenir à inculper l’ex-dictateur qui, si les charges retenues contre lui étaient prouvées, risquerait la peine de mort. L’audience a donc été ajournée à mercredi. En même temps que Hosni Moubarak qui comparaît aussi pour enrichissement illégal, sont également jugés, ses deux fils Alaa et Gamal, ainsi que l’ancien ministre de l’Intérieur Habib el-Adli.

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Le sentiment était à la déception chez les proches des victimes. Ce procès, très suivi par la population égyptienne, n’était pas, cette fois-ci, retransmis sur les télévisions. Des heurts se sont produits avant l’ouverture de l’audience entre partisans et adversaires de Moubarak. Les familles des victimes ont également affronté les forces de l’ordre en tentant de forcer l’entrée de l’école de police où siège le tribunal pénal chargé de juger le président déchu.

Une douzaine de personnes ont été légèrement blessées dans ces incidents, et la police a procédé à une vingtaine d’interpellations, selon l’agence officielle Mena.

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Les Égyptiens attendent du verdict de ce procès qu’il sanctionne à la fois les décennies d’impunité de la classe dirigeante égyptienne, mais aussi la répression sanglante de février 2011 où 850 personnes ont perdu la vie sous les coups et les tirs de la police et des hommes de mains de l’ex-chef d’État.
(Avec AFP)

 

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Retransmission sur écran géant du procès Moubarak le 15 août 2011 au Caire. © Khaled Desouki/AFP

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