Corne de l’Afrique : la famine s’aggrave

La situation ne cesse de s’aggraver dans la Corne de l’Afrique. 750 000 Somaliens sont désormais directement menacés de mort par la famine dans les quatre prochains mois. Des dizaines de milliers de personnes ont péri dont la moitié était des enfants. Une catastrophe encore aggravée par l’absence d’État en Somalie ou par son omniprésence en Érythrée.

750 000 personnes menacées de mort par la famine dans la Corne de l’Afrique. © AFP

750 000 personnes menacées de mort par la famine dans la Corne de l’Afrique. © AFP

Publié le 5 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Cela sonne comme un aveu d’impuissance. Malgré la multiplication des alertes concernant la situation en Somalie, comme en Éthiopie, au Kenya, à Djibouti ou en Érythrée, celle-ci ne cesse d’empirer. Plus de douze millions de personnes sont toujours menacées, notamment dans la région de Bay, au sud du pays, qui vient d’être classée en état de famine par les Nations unies.

Le centre d’analyse pour la sécurité alimentaire (FSNAU) de l’ONU estime ainsi que « 4 millions de personnes sont en situation de crise en Somalie, dont 750 000 qui risquent la mort dans les quatre prochains mois en l’absence d’une réponse adéquate. » Et de poursuivre : « Des dizaines de milliers de personnes sont déjà mortes, dont plus de la moitié étaient des enfants. »

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L’Érythrée, un "véritable trou noir"

Outre le contexte international, essentiellement tourné vers l’actualité libyenne, la situation politique des pays de la Corne de l’Afrique ne manque pas d’aggraver la situation. Ainsi, dans les régions contrôlées par les milices Shebab, comme la région de Bay, l’aide humanitaire est particulièrement difficile, voire impossible, à acheminer.

Et, si la Somalie pâtit de l’absence d’État central, en Érythrée, également touchée par la sécheresse et la famine, c’est l’omniprésence de l’appareil étatique qui entrave le bon fonctionnement de l’action humanitaire. Ainsi, alors que les témoignages s’accumulent et que deux Érythréens sur trois souffriraient de la faim, le discours des officiels continue de nier l’évidence, à l’image de ces déclarations d’un communiqué  du ministère érythréen de l’Information publié fin août : « Ces absurdités sur la sécheresse dissimulée en Érythrée sont complètements ridicules. »

Comme dans les régions contrôlées par les Shebab en Somalie, les ONG, et une bonne partie des agences humanitaires, ont été priées de plier bagage voilà plusieurs années. Un état de fait qui aujourd’hui fait de la région un « véritable trou noir », de l’aveu même du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha), qui recouvre l’Érythrée.

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La famine devrait encore progresser

Les raisons pour verser dans le pessimisme quant à la situation de la Corne de l’Afrique ne manquent pas. A commencer par l’échiquier politique qui semble figé en Somalie et en Érythrée – considérée comme la « Corée du Nord » de la région et l’impuissance de la communauté internationale à changer la donne. Incapacité ou manque d’intérêt ? Une question légitime au regard des appels fréquents des ONG et des agences humanitaires onusiennes restés sans suite.

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Pourtant, selon l’ONU, « si le niveau actuel de réponse continue, la famine devrait encore progresser au cours des quatre prochains mois. » Et les mots pour qualifier la situation risquent alors de manquer. Après avoir été classés « en danger de mort », les 750 000 Somaliens qu’évoquent les derniers bilans auront malheureusement franchi un dernier palier, sans espoir de retour.

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