Libye : le CNT dément avoir offert 35% de son pétrole à la France

La France aurait signé, dès le mois d’avril, un accord avec le Conseil national de transition (CNT), lui attribuant 35% du pétrole brut, en échange d’un soutien total aux insurgés. L’information, publiée jeudi par le quotidien français « Libération », a été démentie par le CNT.

Sarkozy recevant Mahmoud Jibril le 28 juin 2011 à l’Élysée. © Miguel Medina/AFP

Sarkozy recevant Mahmoud Jibril le 28 juin 2011 à l’Élysée. © Miguel Medina/AFP

Publié le 1 septembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 15h29

Le soutien de la France au Conseil national de transition (CNT) ne se serait pas fait sans condition. « Protéger la population civile (libyenne) d’une folie meurtrière », aider à la construction d’une « Nouvelle Libye », les « priorités » édictées par le président français Nicolas Sarkozy n’auraient donc pas été dénuées d’arrières-pensées commerciales.

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Le 3 avril dernier, 17 jours après l’adoption de la résolution 173 par l’ONU, l’énigmatique « Front populaire pour la libération de la Libye » signe une lettre, dont le journal français Libération a publié une copie dans son édition de jeudi.

« […] S’agissant de l’accord sur le pétrole passé avec la France en échange de la reconnaissance de notre Conseil, lors du sommet de Londres, comme représentant légitime de la Libye, nous avons délégué le frère Mahmoud [Shammam, ministre en charge des médias au CNT, ndlr] pour signer cet accord attribuant 35% du total du pétrole brut aux Français en échange du soutien total et permanent à notre Conseil ».

Le document est adressé au cabinet de l’émir du Qatar, pays qui servait alors d’intermédiaire entre la France et l’organe politique de la rébellion libyenne, avec, en copie, Amr Moussa, le secrétaire général de la ligue arabe.

"Juste rétribution"

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Interrogé sur le sujet par la radio RTL jeudi, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a déclaré ne pas avoir eu vent d’une telle lettre. Même s’il a jugé logique que les pays ayant soutenu les insurgés puisse bénéficier d’avantages lors de la reconstruction du pays. Moustapha Abdeljalil, le numéro un de l’organe politique de la rébellion, avait d’ailleurs promis de récompenser les États ayant aidé la Libye « en fonction du soutien » qu’ils ont apporté aux insurgés.

Cet accord pétrolier ne serait donc qu’une gratification honnête. C’est en tout cas la thèse défendue par Mathieu Guidère, spécialiste du monde arabe, dans les lignes de Libération. « Pour les membres du CNT, cet accord n’est que la juste rétribution (…) du soutien offert par la France », analyse-t-il. « Ce peuple n’est pas pauvre, il ne tend pas la main car il a conscience de sa richesse », poursuit le professeur.

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« Les futurs contrats sur l’exploitation du pétrole libyen seront accordés sur la base du mérite et non par favoritisme politique » a retorqué jeudi Guma al-Gamaty, le représentant en Grande-Bretagne du Conseil national de transition (CNT), assurant que ces contrats pétroliers seront conclus de manière transparente. « Pas la moindre » pression n’aurait été exercée par les Français et les Britanniques en échange de leur soutien au Conseil libyen, a-t-il ajouté. 

Mansour Sayf al-Nasr, envoyé spécial du CNT à Paris, a pour sa part nié l’existence d’un tel contrat. « Tous les documents, tous les traités valables sont signés CNT », a-t-il argumenté, déclarant n’avoir « jamais entendu parler de ce front » populaire pour la libération de la Libye.

Si contrat il y a, la France honore en tout cas sa part. Le pays renouvèle, aujourd’hui même, son soutien au pays libéré du joug de Mouammar Kadhafi, en accueillant soixante pays à l’Élysée, à l’occasion d’une conférence des « amis de la Libye ».

(Avec AFP)
 

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