Libye : la victoire du CNT plonge la diplomatie algérienne dans l’embarras

Après l’accueil de quatre membres de la famille de Mouammar Kadhafi sur son territoire, l’Algérie risque de voir ses relations avec les rebelles libyens se dégrader encore, au moment où ces derniers prennent le pouvoir à Tripoli.

Aïcha Kaddafi, ici lors de son mariage, s’est réfugiée en Algérie lundi. © AFP

Aïcha Kaddafi, ici lors de son mariage, s’est réfugiée en Algérie lundi. © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 31 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Les relations entre l’Algérie et le Conseil national de transition libyen (CNT) étaient déjà tendues depuis le début de l’insurrection contre Mouammar Kadhafi. Après l’accueil d’une partie du clan du « Guide » déchu sur le sol algérien, elles promettent d’être encore plus délicates à l’avenir, alors que l’on ne voit plus très bien ce qui pourrait empêcher les rebelles de prendre définitivement le pouvoir en Libye.

Depuis des mois, le CNT accuse l’Algérie d’envoyer armes et mercenaires chez son voisin oriental pour renforcer les troupes de Mouammar Kadhafi. L’accusation a été démentie par Alger (ainsi que par Paris et Washington) sans que les rebelles cessent pour autant de nourrir des soupçons.

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"Extrêmement embarrassés"

Le comportement de l’Algérie est « très imprudent » a estimé mardi Guma Al-Gamaty, le représentant du CNT à Londres, après l’annonce de l’accueil de Safia, Aïcha, Hannibal et Mohamed Kadhafi (la femme, la fille et deux des fils de Mouammar Kadhafi) sur le sol algérien et celle de la naissance de sa petite-fille. « Nous espérons que le gouvernement algérien (…) coopèrera avec nous pour arrêter cette famille corrompue qui a oppressé le peuple libyen et volé ses ressources pendant 42 ans » a renchérit le vice-président du comité exécutif du CNT, Ali Tarhuni.

« En mars, quand Kadhafi a essayé d’écraser la rébellion, la Tunisie avait ouvert ses frontières alors que l’Algérie a fermé les siennes », rappelle le spécialiste du Maghreb contemporain Pierre Vermeren. « On comprend donc tout à fait qu’à la chute de Kadhafi, ils (les dirigeants algériens) se trouvent extrêmement embarrassés », a-t-il ajouté.

La stabilité du Sahel en jeu

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L’Algérie est à ce jour le seul pays d’Afrique du Nord à n’avoir pas reconnu le CNT. Elle s’inquiète notamment de « la dimension islamiste très présente, très importante » au sein du CNT, note Kader Abderrahim, professeur à l’Université de Californie. De fait, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) accuse Alger de soutenir Mouammar Kadhafi. Et la diplomatie algérienne a plusieurs fois mis en garde ses partenaires contre le risque terroriste islamiste en Libye.

Une attitude que les djihadistes n’ont pas manqué d’exploiter : Aqmi a revendiqué l’attentat meurtrier de l’académie militaire de Cherchell vendredi dernier en prétextant des représailles envers l’Algérie pour son « soutien » à Kadhafi.

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Mais les deux voisins, qui disposent d’immenses territoires contigus dans le Sahel, sont condamnés à s’entendre dans la lutte contre la prolifération des armes et des groupes armés. Alors que le CNT semble s’enraciner, Alger va être amené à clarifier rapidement sa position vis-à-vis de lui en vue de la restauration d’une certaine stabilité dans la région. (avec AFP)

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