Libye : les Kadhafi racontés par leurs maisons

Les résidences des membres du clan Mouammar Kadhafi révèlent le caractère extravagant, capricieux ou discret des anciens maîtres absolus de la Libye.

Des rebelles dans une chambre de la maison d’Hannibal Kadhafi, le 26 août 2011 à Tripoli. © Marie-Lys Lubrano/AFP

Des rebelles dans une chambre de la maison d’Hannibal Kadhafi, le 26 août 2011 à Tripoli. © Marie-Lys Lubrano/AFP

Publié le 29 août 2011 Lecture : 3 minutes.

« Voici les demeures des fils de Kadhafi » annonce un insurgé qui se présente sous le nom de Marwan, désignant trois maisons plantées sur un terrain au bord de l’eau dans le quartier de Regatta à quelques kilomètres de Tripoli. La quarantaine, les cheveux grisonnants et la kalachnikov en bandoulière, l’homme entre dans la première maison.

« C’est sûrement ici qu’Hannibal accueillait  ses maîtresses », précise Marwan. Le lieu a tout d’une garçonnière : un simple chalet en bois avec terrasse, petit salon, bar, une seule chambre face à la mer et deux salles de bain.

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Le quatrième fils du colonel Kadhafi s’est fait connaître pour ses frasques à l’étranger. En 2008, il provoquait une crise diplomatique entre la Libye et la Suisse, en 2008, après avoir été arrêté avec sa femme à Genève, à la suite d’une plainte déposée par ses employés de maison pour maltraitance.

Un rebelle pose dans la maison d'Aïcha Kadhafi le 26 août 2011 à Tripoli.

Un rebelle pose dans la maison d’Aïcha Kadhafi le 26 août 2011 à Tripoli.

Au-dessus du chalet, une petite maison de plain-pied. « C’est celle de Khamis », croit savoir Marwan. Moins bien située, plus familiale, pourvue de trois chambres, la demeure appartiendrait donc au fils qui dirigeait la plus violente des brigades de choc du régime. L’endroit est spartiate, à l’image de son propriétaire, Khamis le militaire.

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Résidence de fête et jacuzzi

En contrebas, la plus belle des trois maisons occupe la meilleure situation. Une villa toute blanche, dont l’immense porte d’entrée témoigne  d’un luxe que la décoration intérieure, moderne, épurée et haut de gamme, ne dément pas. « Les frères se partageait cette demeure pour faire la fête » explique un rebelle qui souhaite conserver l’anonymat. Malgré l’interdiction légale d’importer de l’alcool en Libye (/pays/libye/libye.asp), plusieurs bouteilles de Vodka et de champagne ont été laissées à côté d’un pat de fromage, dont l’abandon semble témoigner d’un apéritif interrompu dans l’urgence. En dessous face à la mer, trône un jacuzzi à trois places.

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« Moi aussi j’aurai bien aimé vivre ici. Si on avait tous des maisons comme celle-là, on n’aurait peut-être pas fait la révolution», soupire Mahmoud, un jeune insurgé assis au milieu du salon, une kalachnikov à la main.

La maison de Seif el-Islam, le plus en vue des fils du colonel, n’étaient pas accessible aux journalistes. Kadhafi père, pour sa part, occupait un immense complexe-bunker de Bab al-Aziziya, dans le sud de Tripoli, tombé mardi et dont les images ont fait le tour du monde.

Sur le front de mer de Tripoli, Saadi, le footballeur, disposait d’un chalet avec vitrage blindé et un passage secret pour s’enfuir. D’autres insurgés ont pris possession des lieux et montrent aux journalistes un garage qui autrefois abritait des bolides, une tente immense et un mini-terrain de football. Passionné du ballon rond, Saadi avait essayé d’acheter sa place de joueur dans un club de la première division italienne, Perugia.

Hôpital catholique ou demeure luxueuse ?

Située en plein de cœur de Tripoli, la maison d’Aïcha, la fille du Guide, est de loin la plus grande. Et pour cause : il s’agit d’un ancien hôpital administré par des catholiques, qu’elle a réquisitionné pour en faire sa résidence principale.

Derrière un portail de fer cadenassé et criblé de balles, une demi-douzaine de bâtiments : des bureaux de sécurité, une immense piscine couverte, pleine de jouets d’enfants.

Au premier étage de la maison, dans la chambre à coucher, les insurgés s’élancent sur le lit recouverts de draps en satin.

« Elle est partie précipitamment » plaisante un insurgé : une valise jetée à la hâte sur le sol, remplie de vêtements, devant le dressing de la jeune femme, encore plein. « Maintenant que cette capricieuse est partie, j’espère qu’on va retransformer cette maison en hôpital. »

Avec AFP

 

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