Libye : stratégies occidentales pour l’après-Kadhafi
Aide militaire ou financière, les pays occidentaux ne comptent pas déserter le territoire libyen, et cherchent à se positionner de façon stratégique en vue d’obtenir les faveurs de la « Libye libre de demain ».
Porter le coup final au régime de Mouammar Kadhafi, traquer le « Guide » ou apporter une aide financière, les Occidentaux comptent bien participer activement, au côté de la rébellion, à l’élaboration de la « nouvelle Libye ».
Participation humaine d’abord. Vendredi, le porte-parole de l’Otan, Oana Lungescu, déclarait, à propos du dictateur libyen, que l’organisation ne « vise aucun individu spécifiquement ». « Il n’y a pas de coordination militaire avec les rebelles », a-t-elle ajouté. Pourtant, le ministre britannique de la Défense expliquait la veille, sur la chaîne privée Sky News, que l’Otan contribuerait à la traque du Raïs et de ses fils en fournissant « des renseignements et des équipements de reconnaissance ». Et selon un article paru dans le Daily Telegraph, les Britanniques auraient même dépêché des forces spéciales sur le territoire afin de capturer Mouammar Kadhafi.
L’Alliance atlantique continue également ses opérations sur le sol libyen, à Tripoli, où elle compte agir jusqu’à l’élimination des dernières poches de résistance loyaliste. Le président français Nicolas Sarkozy a affirmé que ces opérations ne cesseraient que le jour où Kadhafi et ses proches ne représenteront « plus une menace pour le peuple libyen ».
Sur le front Est, Britanniques et Français s’activent afin d’aider les rebelles à faire tomber le fief Kadhafiste de Syrte. Des agents en civil seraient installés, et ce depuis plusieurs semaines, dans l’enceinte de la raffinerie à l’arrêt de Zuwaytinah, le centre de commandement rebelle pour le front Est.
Dégel des avoirs
Sur le plan diplomatique, sous la pression des États-Unis, l’ONU prévoyait mercredi de dégeler les avoirs libyens afin de venir en aide au CNT. Le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, déclarait jeudi que cette mesure pourrait être prise très rapidement. « Nous souhaitons dégeler (l’argent), et la France l’a fait en partie sur une somme qui était à Paris », a noté M. Juppé.
Début août, Paris a débloqué 259 millions de dollars (182 millions d’euros) d’avoirs libyens, qui ont été mis à la disposition du CNT pour des achats humanitaires, selon le Quai d’Orsay Washington souhaite, pour sa part, débloquer immédiatement 1,5 milliards de dollars en direction de la Libye.
De son côté, l’Italie, qui veut d’ores et déjà se positionner de manière favorable dans la Libye de l’après-Kadhafi, n’attendra visiblement pas l’accord de l’ONU. Lors d’une rencontre entre le Premier ministre Silvio Berlusconi et le numéro 2 du Conseil national de transition libyen, Mahmoud Jibril, prévue jeudi à Milan, l’Italie devrait annoncer une aide immédiate de 450 millions d’euros, selon le quotidien La Repubblica.
Oublier les réticences italiennes du début
Rome cherche à se positionner de manière stratégique dans la Libye nouvelle, indique encore le journal. Le pays craint aujourd’hui de payer la position ambigüe adoptée au début de la révolution libyenne, selon l’analyse proposée par Alberto Negri, expert du monde arabe du journal Il Sole 24 Ore.
En ayant hésité à critiquer Kadhafi lors des premières manifestations, puis en trainant les pieds avant d’entrer dans l’opération militaire de l’Otan, le pays craint de perdre sa place de partenaire privilégié, notamment en ce qui concerne sa position de leader sur le marché pétrolier libyen, grâce au producteur ENI.
Même s’il reste confiant, le pays souhaite avant tout éviter de se laisser distancer par le Royaume-Uni et la France. Nicolas Sarkozy a, en effet, annoncé mercredi la tenue d’une conférence internationale le 1er septembre afin « d’aider la Libye libre de demain ».
(Avec AFP)
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