Egypte – Israël : des rapports toujours tendus
Les dirigeants israéliens s’efforcent toujours de désamorcer la crise diplomatique la plus sérieuse dans leurs relations avec l’Égypte depuis la chute du régime Moubarak.
« Je regrette que des soldats égyptiens soient tombés et je suis certain qu’aucun israélien ne veut voir des soldats égyptiens tués. J’adresse mes condoléances au peuple d’Égypte et aux familles des soldats » a fait savoir le président Israélien Shimon Pérès, lors d’une visite de condoléances aux familles de victimes tuées jeudi près D’Eilat, dans le sud israélien.
La région vit sa première crise diplomatique sérieuse entre Israël et l’Égypte, depuis la chute en février du régime de Hosni Moubarak. Ce dernier était considéré par les israéliens comme le garant du traité de paix bilatéral de 1979, premier traité de paix à avoir été signé entre l’État hébreu et un pays arabe.
L’Égypte attend des excuses
Réagissant au propos du président israélien, le gouvernement égyptien a cependant fait savoir que « la position israélienne était positive en surface » sans être à la mesure de « l’importance de l’incident et de la colère égyptienne envers les actions israéliennes. » Plus que de simples regrets, l’Égypte a fait savoir qu’elle atendait des excuses.
Au Caire, plus d’un millier de personnes s’étaient rassemblées dans la nuit de samedi à dimanche devant l’ambassade israélienne pour dénoncer la mort des policiers. Sous les acclamations, un manifestant a retiré le drapeau israélien flottant au sommet de l’immeuble qui abrite l’ambassade et à hissé à sa place celui de l’Égypte.
Mais si les réactions israéliennes se sont multipliées depuis samedi, du coté israélien, toujours pas d’excuses. « Je n’ai pas aimé le fait que des manifestants soient montés sur le toit et que des drapeaux israéliens aient été brulés » a fait savoir le vice-Premier ministre Sulvan Shalom, qui a cependant espéré que les relations avec l’Egypte « reviennent à la normale car elles sont très importantes. L’accord de paix est effectifs, il y a toujours deux ambassades » a-t-il tranché.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Yigal Palmor a pour sa part « espéré que la crise est derrière nous ». « C’est de l’intérêt bien compris des deux parties », a-t-il ajouté.
"Quand l’arrogance israélienne rencontre l’honneur arabe"
Peu de chance cependant que la situation n’aille plus loin. Au lendemain du départ de l’ancien dictateur, le conseil suprême des forces armées faisait savoir qu’il comptait respecter les engagements internationaux pris par le pays : les accords de Camps David notamment, qui venaient mettre fin à des années de guerres. A l’heure où l’Égypte vit sa transition démocratique, le pays n’a aucun intérêt à se lancer dans une crise politique durable avec son voisin israélien.
Si l’État égyptien a fait savoir samedi qu’il avait l’intention de rappeler son ambassadeur de Tel-Aviv, aucune démarche n’a cependant été entreprise dans ce sens, Israël faisant savoir qu’elle n’a pas été officiellement prévenue.
« Quand l’arrogance israélienne rencontre l’honneur arabe », c’est ainsi que le célèbre éditorialiste politique du quotidien Haaretz, Akiva Eldar titrait sa chronique du 22 aout avant d’écrire : « on peut juste espérer que le premier ministre ne va pas demander à son adjoint, Moshe Yaalon, de régler le différent avec l’Égypte (…). Yaalon, pour qui « l’honneur est une richesse nationale », il faudrait laisser le Caire aller au diable ».
Comme c’était déjà le cas lors du refus israélien de s’excuser auprès des turcs après le sanglant épisode de la flottille de la paix pour Gaza en 2010, le vice-Premier ministre penserait que « négliger les rapports diplomatiques avec le plus grand pays arabe va indubitablement hausser le prestige d’Israël auprès de Washington et de Paris, tout en affaiblissant Damas et Téhéran. »
Si Tel Aviv n’a pas encore envoyé le Caire au Diable, il est fort probable cependant que les égyptiens, à l’instar des turcs, attendent des excuses qui ne viendront jamais.
Avec AFP
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