Côte d’Ivoire : « Notre Voie », le journal de Gbagbo en pleine crise

Plus de quatre mois après la chute de Laurent Gbagbo, « Notre Voie » continue de pâtir des effets de la crise postélectorale. Le journal emblématique de la « presse bleue » souffre désormais d’un violent malaise interne, le syndicat des journalistes réclamant le départ de son directeur intérimaire, César Etou.

Les journaux pro-Gbagbo sont frappés par une crise proteiforme. © AFP

Les journaux pro-Gbagbo sont frappés par une crise proteiforme. © AFP

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Publié le 19 août 2011 Lecture : 2 minutes.

En plus de ses locaux occupés par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), de son imprimerie pillée et de son matériel de production saccagé, Notre Voie, le journal du Front populaire ivoirien (FPI), doit faire face depuis le début de la semaine, à une « mutinerie » d’une partie de son personnel, selon l’expression utilisée par la presse ivoirienne.

À l’origine, un plan de sauvetage de l’entreprise dénoncé par le Syndicat national de la presse privée de Côte d’Ivoire (Synappci). Lundi, une vingtaine de travailleurs emmenés par le secrétaire général du Synappci, Guillaume Gbato, a assiégé la rédaction provisoire sise au Café de Versailles des Deux-Plateaux et a confisqué le matériel de production. « Nous ne pouvons pas accepter une décision prise par un président de comité de direction autoproclamé », s’insurge Guillaume Gbato, lui-même journaliste à Notre Voie, mais non concerné par le chômage technique.

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Après la chute de Laurent Gbagbo, les combattants pro-Ouattara ont pris d’assaut le siège du journal à la Riviera Palmeraie et ont saccagé son imprimerie. En dépit des condamnations de ces exactions, notamment de Reporter sans frontières (RSF), les FRCI continuent d’occuper les locaux du journal. En l’absence du directeur général, Martin Sokoury Bohui, en prison, et de la présidente du conseil d’administration, Odette Sauyet, en exil, c’est César Etou, le directeur de publication qui préside le comité de direction.

Recettes insuffisantes

Ce dernier explique que « les recettes ne sont plus suffisantes pour assurer les 32 millions FCFA (50 000 euros, NDLR) de salaires habituels des 99 salariés ». Son plan de sauvetage prévoit le payement intégral du salairede 43 employés, le non-renouvellement de douze contrats à durée déterminée (CDD) et le versement de la moitié de leur salaire mensuel à 44 agents, principalement non-journalistes, en guise d’indemnités pour la suppression probable de leurs postes.

Mais le syndicat doute des chiffres avancés, d’autant que César Etou reconnaissait récemment dans Jeune Afrique (n°2636) que les chiffres de vente s’étaient nettement améliorés. Le Synappci réclame donc un audit, et un plan de redressement qui écarterait l’actuel directeur de publication. « Les recettes de la vente sont prises à 70% par l’imprimeur et le distributeur, rétorque Etou. Enfin, à cause de la crise, les annonceurs sont sinistrés et la publicité s’est raréfiée. Les travailleurs le savent très bien », ajoute-t-il.

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Le président par intérim du FPI, Sylvain Miaka Oureto a désigné des médiateurs pour concilier les positions des deux parties. En attendant, le journal continue de paraître mais des observateurs craignent une implosion interne, à l’image de celle qui frappe le FPI.

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