Côte d’Ivoire : Laurent et Simone Gbagbo inculpés de « crimes économiques »

L’ex-couple présidentiel de Côte d’Ivoire, Laurent et Simone Gbagbo ont été inculpés de « crimes économiques » après plus de quatre mois d’assignation à résidence. Les crimes les plus graves qui leur sont reprochés ne sont pas concernés par la procédure.

Laurent Gbagbo et son épouse Simone lors de leur arrestation à Abidjan, le 11 avril 2011. © AFP

Laurent Gbagbo et son épouse Simone lors de leur arrestation à Abidjan, le 11 avril 2011. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 19 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Le flou juridique est levé. Plus de quatre mois après leur capture, le 11 avril dernier, Laurent et Simone Gbagbo sont désormais inculpés de « crimes économiques » en Côte d’Ivoire. Ils ne sont donc plus assignés à résidence, le premier à Korhogo (nord), la seconde à Odiénné, (nord-ouest), mais sont placés en détention préventive, comme quarante-deux personnalités civiles du camp Gbagbo, dont une bonne partie de l’ancien gouvernement. L’ex-Première dame doit être transférée « incessamment » à la prison de la ville où elle est détenue. Enfin, le médecin personnel de l’ex-président, demeuré avec lui, est lui aussi  inculpé et placé en détention.

Âgé de 66 ans, l’ancien président est accusé depuis jeudi de « vol aggravé, détournement de deniers publics, concussion, pillage et atteinte à l’économie nationale », a déclaré le procureur Simplice Kouadio Koffi. Quant à son épouse, 62 ans, les mêmes chefs d’inculpation pèsent sur elle. Sont notamment visées les attaques contre le secteur bancaire pendant la crise postélectorale.

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"Crimes de sang"

Alors qu’une soixantaine de militaires ont été inculpés, dont 40 sont incarcérés dans des camps militaires à Korhogo et Abidjan, les enquêtes préliminaires sur les « crimes de sang » commis au cours de la crise et sur la chaîne de responsabilité politique continuent. Pour l’heure, donc, l’ancien président n’est pas accusé d’atteinte à la sécurité de l’État, contrairement à nombre de ses proches. Mais le gouvernement de Alassane Ouattara espère que la Cour pénale internationale (CPI), qui n’a pas encore ouvert d’enquête sur les crimes les plus graves, inculpera et transférera à La Haye l’ancien couple présidentiel.

Reste que le camp Gbagbo et plusieurs ONG internationales (Amnesty International, Human Rights Watch…) ont dénoncé ou déclaré craindre une « justice des vainqueurs » sous le nouveau président. Selon eux, des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre ont été commis par les deux camps pendant la crise. Ils attendent donc que des personnalités pro-Ouattara soient elles aussi inquiétées.

Mais le chef de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci), Choi Young-jin, prépare son départ avec optimisme. Il a estimé jeudi à Ouagadougou que la page était tournée. « La force de Laurent Gbagbo s’est totalement éteinte » et « tout s’annonce bien » pour le retour à la paix, a-t-il dit, tout en regrettant que la situation humanitaire reste toutefois « préoccupante » dans l’ouest. Malgré une « dynamique de retour », les déplacés internes sont encore a moins 30 000.

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