RDC : une commission d’enquête charge le pilote pour le crash de Kisangani
Un rapport intérimaire de la commission d’enquête gouvernementale sur le crash de Kisangani met principalement en cause le commandement de bord du Boeing de HBA. Le décryptage des boîtes noires n’est pas pris en compte. La compagnie aérienne contre-attaque.
Mis à jour le 19/08 à 10h00.
Le rapport intérimaire d’une commission d’enquête gouvernementale sur le crash du Boeing 727 d’Hewa Bora Airways (HBA) le 8 juillet à Kisangani (Province orientale, nord-est de la RDC) pointe toute une série de défaillances graves des règles de sécurité aériennes à tous les niveaux. Mais il insiste d’abord sur les responsabilités du commandant de bord, Paul Mestry, un métis belgo-congolais comptabilisant 7 500 heures de vol, dont 5 300 sur Boeing 727. Le pilote, qui effectuait des stages réguliers sur simulateurs de vol à Johannesburg, n’était donc pas vraiment un débutant.
« L’accident et ses conséquences seraient dus à une erreur humaine de la part du pilote, commandant de bord, qui a mal apprécié les données météorologiques alors que non seulement il en était informé mais aussi qu’il les a vécues », indique le rapport. Si deux agents de contrôle aérien ont bien communiqué des données « erronées » au pilote, celui-ci n’aurait pas suivi toute la formation requise pour manœuvrer l’appareil, souligne le rapport. En d’autres termes, il n’avait pas la qualification pour voler sur le type d’appareil qu’il pilotait, ce que réfute la compagnie, interrogée par RFI. « Sa licence était valable, donc il était en droit de pouvoir exercer ses fonctions de commandant de bord sur 727 », affirme ainsi José Dubier, le directeur des opérations d’HBA.
Prévisions empiriques
La sécurité aérienne en RDC depuis 2000
83 crashs
468 victimes
Toutes les compagnies du pays (34) figurent sur la liste noire publiée par l’Union européenne en avril 2011
Les agents de contrôle aérien ont expliqué au pilote qu’il « pleuvinait à peine » alors que l’agence nationale de météorologie à Kisangani a témoigné de son côté qu’il s’agissait d’une « forte pluie accompagnée d’un orage, conditions défavorables pour un atterrissage ». Mais le rapport note que la tour de contrôle de l’aéroport de Kisangani fonctionne avec six contrôleurs aériens sans licence appropriée et que la station de météo ne compte que trois techniciens faisant des prévisions empiriques, faute de matériel fonctionnel.
Enfin, selon le rapport, l’avion transportait « 120 passagers adultes, 3 enfants et 2 bébés » pour une capacité de 118 sièges. Faux, rétorque en substance José Dubier. Selon lui, les enquêteurs se seraient basés sur les réservations et non sur l’embarquement réel. Et la feuille de charge de l’avion indique bien 112 passagers pour 114 sièges.
Le rapport ne repose au final que sur des éléments connus : le manque total de sécurité dans les aéroports congolais, et l’inefficacité totale du gouvernement à remédier à la situation. Toutes les compagnies congolaises sont ainsi inscrites sur la liste noire de l’Union européenne. Pour en savoir plus sur les responsabilités de l’accident, il faudra donc attendre le résultat des analyses en cours sur les fameuses boîtes noires.
Problème de balisage de la piste
« Le rapport final, nous allons le publier de manière officielle dès que nous aurons le résultat du décryptage des boîtes noires », a déclaré à l’AFP Florentin Kage, directeur de cabinet du ministre des Transports. « Ce décryptage peut donner d’autres éléments pouvant infirmer ou confirmer ce qui est dit dans le rapport intérimaire », a-t-il ajouté avec précaution.
Pour HBA, c’est la Régie des voies aériennes qui gère les aéroports congolais, qui est responsable. Celle-ci est accusée d’avoir constaté dans un audit de mai dernier que la balise de la piste de Kisangani était défectueuse, et de ne rien avoir fait pour remédier à la situation. « Cet audit avait relevé que les balises de navigation au sol présentaient un écart de trois degrés de déviation, note José Dubier. Or ils avaient bien signifié que si un pilote se hasardait à faire une procédure dans cette configuration, il y avait un risque de terminer sa course dans les arbres. Là c’est un défaut énorme, un danger. D’autant plus qu’aucun NOTAM – notice aux pilotes – n’a été fait, aussi bien au niveau des aéroports concernés qu’au niveau des services des opérations des compagnies », explique José Dubier sur RFI.
(Avec AFP)
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