Quand Kadhafi et Ahmadinejad font la leçon à Cameron
Considérés comme des parias par Londres et la communauté internationale, Kadhafi et Ahmadinejad ont immédiatement sauté sur l’occasion pour dénoncer la « répression » des émeutiers en Grande-Bretagne.
Les autorités libyennes et iraniennes ont en effet rivalisé d’inventivité pour réagir à quelques minutes d’intervalles aux émeutes qui secouent la Grande-Bretagne depuis le 6 août.
Le Royaume-Uni faisant partie de l’opération militaire de l’Otan lancée à la mi-mars contre le colonel Kadhafi, ce dernier s’en est donné à cœur joie pour dénoncer mercredi la manière dont le premier ministre britannique gérait les troubles que connait actuellement son pays.
"Le peuple rejette le gouvernement "
« Cameron et son gouvernement doivent partir après les manifestations populaires contre eux et la violente répression exercée par sa police contre ceux qui ont participé à ces manifestations pacifiques » a ainsi déclaré le ministre libyen aux Affaires étrangères, Khaled Kaaim, cité mercredi par l’agence Jana.« Cameron et son gouvernement ont perdu toute légitimité » a-t-il ajouté, au moment où Londres et ses alliés au sein de l’Otan s’efforcent de déloger le régime du colonel Mouammar Kadhafi, accusé de réprimer dans le sang une insurrection qui s’est déclenchée en février.
Cameron et son gouvernement doivent partir après les manifestations populaires contre eux.
Khaled Kaaim, ministre libyen aux Affaires étrangères
Toujours selon le ministre libyen, « ces manifestations montre que le peuple britannique rejette ce gouvernement, qui tente de s’imposer par la force. » Kaaim est même allé jusqu’à appeler « le Conseil de sécurité et la communauté internationale à ne pas rester les bras croisés face à la flagrante agression contre les droits du peuple britannique. »
"La population britannique n’a plus foi en l’avenir"
L’Iran n’était pas en reste non plus puisque dès mardi, un député iranien proposait l’envoi d’un groupe de rapporteurs iraniens en Angleterre, pour enquêter sur des «violations des droits de l’homme » alors que le ministère des Affaires étrangères iranien appelait mercredi ses ressortissants à éviter tout voyage en Grande-Bretagne.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad est intervenu en personne pour dénoncer « le silence des Nations-Unies, affirmant que « si un centième de ces crimes avaient été commis dans un pays hostile à l’Occident, les Nations unies et les organisations qui prétendent défendre les droits de l’homme auraient vociféré (…). » C’est un test pour le Conseil de sécurité pour voir s’il ose condamner un de ses membres permanents. »
Le chef d’État iranien, s’est également empressé de condamner « le comportement sauvage de la police britannique » qui a interpellé pas moins de 770 personnes au cours des quatre nuits d’émeutes, lancées à Londres mais qui touchent aujourd’hui plusieurs grandes villes d’Angleterre.
« Au lieu d’adopter un tel comportement, les dirigeants britanniques feraient mieux de se tenir aux côtés de la population (…) et de l’écouter» a expliqué le chef du gouvernement iranien, profitant de l’occasion pour fustiger les interventions à l’étranger de l’armée britannique : « Au lieu d’envoyer des troupes en Irak, en Afghanistan, en Libye pour piller le pétrole, ils feraient mieux de penser à leur population.»
Rancune
L’Iran rend ainsi à la Grande-Bretagne la monnaie de sa pièce puisque en 2009, le Royaume-Uni avait condamné la répression des manifestations qui avaient suivi la réélection controversée du président Mahmoud Ahmadinejad. A l’époque, des dizaines de personnes avaient été tuées lors des marches de protestations de l’opposition qui dénonçaient des fraudes massives. Des milliers d’iraniens avaient également été arrêtés et plusieurs centaines d’autres condamnés à de lourdes peines de prison.
C’est un test pour le Conseil de sécurité pour voir s’il ose condamner un de ses membres permanents.
Mahmoud Ahmadinejad
Depuis samedi, l’Angleterre est en proie à une vague de violence déclenchée par la mort d’un jeune homme de 29 ans, Mark Duggan, tué jeudi dernier par la police. Ce père de quatre enfants, connu des services de police, aurait été abattu d’une seule balle à la poitrine, lors d’une opération contre la criminalité du quartier de Tottenham à Londres. Un drame dont les circonstances précises n’ont pas encore été élucidées.
Très occupé à gérer la « riposte » qu’il avait annoncée mercredi, Cameron, qui n’exclut pas de faire intervenir l’armée dans le conflit, a laissé le soin à Jane Marriott, la chargée d’affaires britanniques à Téhéran, de répondre au président Iranien : « Je tiens à rappeler que tous les rapporteurs spéciaux de l’Onu peuvent se rendre à tout moment au Royaume-Uni (…). J’appelle le gouvernement iranien à permettre au rapporteur spécial pour l’Iran, Ahmed Shaheed, de se rendre sur place pour étudier la situation des droits de l’homme qui préoccupe la communauté internationale. »
(Avec AFP)
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