Mokhtar Bourouina : « Nous menons une politique culturelle ambitieuse volontariste »
Manque de moyens, un réseau de diffusion quasi inexistant, des artistes exilés… La création nationale peine à se relever malgré les attentes du public. Jeuneafrique.com est allé à la rencontre de ceux qui font ou participent à la vie de ce cinéma algérien pour recueillir leur sentiment. Rencontre avec Mokhtar Bourouina, maire de la commune d’Alger de Sidi M’hamed.
Cinéma algérien : prompt rétablissement !
Comment avez-vous réhabilité 5 salles de cinéma dans votre commune ?
À mon arrivée à la mairie (APC, Assemblée populaire communale) en 2004, six salles gérées par des exploitants privés étaient détournées de leur fonction, non conformes aux cahiers des charges et aux normes de sécurité. Après des mises en demeure, leurs contrats avec la mairie, propriétaire des lieux, ont été résiliés. Nous les avons récupérées et avons lancé la réhabilitation de cinq salles : le Sierra Maestra, qui est ouvert, L’Afrique, le Caméra, le Musset et le Français, en réparation ou en totale reconstruction. Nous avons eu le soutien du wali (préfet), de la presse locale et de la population du quartier, qui était nostalgique de ses cinémas. Chacun avait sa spécificité : films arabes, films art et essai… Une seule salle a été perdue par la mairie au profit du privé, le Mondial.
Parlez-nous du Sierra Maestra…
Il est ouvert depuis 2008 et comporte 750 places. On y a fait des avant-premières, comme celle du film Harragas ; on reçoit de grands réalisateurs. On a construit des salles polyvalentes. Un quart des soirées environ sont dédiées au cinéma, le reste est consacré à la musique, aux enfants… Alors même qu’elle est en verre, la salle est intacte, les habitants veillent sur elle. Si ça continue à bien marcher, j’aimerais bien y lancer un festival ! Rouvrir cette salle nous a coûté environ 100 millions de dinars algériens (DA) (un million d’euros). Le prix des soirées oscille entre 100 et 200 DA (1 à 2 euros). On la loue aussi parfois à des partis politiques pour des meetings.
Comment ces salles sont-elles gérées ?
Pour faire au mieux, nous avons créé un EPIC (Etablissement Public à caractère Industriel et Commercial), ce qui nous permet d’être plus rigoureux que les exploitants privés. Son Conseil d’administration est dirigé par la mairie et des personnalités indépendantes du secteur. Il n’a pas d’objectif commercial et le ministère de la culture ne nous aide pas, c’est un autofinancement de la mairie. Nous menons une politique culturelle ambitieuse volontariste dans ce quartier populaire. On est en train de mûrir notre réflexion pour trouver la meilleure gestion possible.
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Propos recueillis à Alger par Constance Desloire
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