Tunisie : un colonel donne sa version de l’arrestation des proches de Ben Ali et met en cause Ali Seriati
Avant la reprise du procès d’une vingtaine de membres du clan Ben Ali-Trabelsi, le colonel Samir Tarhouni révèle que Ali Seriati lui a donné l’ordre de délivrer 28 proches de l’ancien président qu’il venait d’arrêter à l’aéroport. Une scène qui se déroulait le jour de la fuite de l’ex-président, le 14 janvier.
Le procès de 23 membres du clan Ben Ali-Trabelsi, dont l’ancien directeur de la sécurité présidentielle tunisienne, Ali Seriati, doit reprendre ce mercredi. Mais le témoignage crucial du colonel Samir Tarhouni, de la Brigade anti-terroriste (BAT) a été donné ce lundi en avant première par l’intéressé lors d’une conférence de presse au siège du Premier ministre, à la Kasbah. Celui-ci, qui avait mené le 14 janvier l’arrestation de 28 membres du clan Ben Ali-Trabelsi à l’aéroport de Tunis-Carthage, était appelé à donner sa version de la journée de la fuite – et de la chute – de l’ancien président.
« Un responsable à l’aéroport m’a averti que des membres de la famille de Leïla Trabelsi allaient quitter le pays dans un avion privé, j’ai pris l’initiative de me rendre sur les lieux avec onze de mes collègues pour les arrêter, sans avoir reçu d’ordres de mes supérieurs », a-t-il raconté. Avant d’ajouter : « Ali Seriati m’a appelé à deux reprises pour les faire libérer. Je lui ai raccroché au nez ».
Tarhouni affirme que 170 agents des unités sécuritaires spécialisées, y compris celles qui assuraient la garde du palais présidentiel, s’étaient joints à son initiative. En étroite collaboration avec le personnel de l’aéroport, ils arrêtent sur le tarmac 28 membres du clan Ben Ali-Trabelsi dans le bus qui les conduisait vers leur avion. « Nous les avons confiés aux mains de l’armée tunisienne, parce qu’elle était la seule institution légitime dans ces moments », a expliqué Tarhouni.
"Nesrine ne représentait rien pour nous"
Il avoue cependant avoir laissé partir Nesrine, la fille du président déchu et de sa première épouse, qui a embarqué ce jour-là dans un petit avion. « Elle ne représentait rien pour nous », a poursuivi Tarhouni, qui a été arrêté durant deux jours avant d’être libéré et félicité pour son action.
Selon lui, le 14 janvier, la Tunisie a échappé à un bain de sang. « La BAT a reçu l’ordre à 14h25 de se préparer pour tirer sur la foule massée sur l’avenue Habib Bourguiba, j’ai décidé de pas user de balles réelles, mais plutôt de gaz lacrymogènes », a-t-il affirmé. L’officier assure aussi avoir été appelé par le Premier ministre en place, Mohamed Ghannouchi, qui lui demandait s’il avait pris le pouvoir en Tunisie…
(Avec AFP)
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