Tunisie : les femmes manifestent pour l’égalité dans l’héritage
Elles étaient plusieurs dizaines à manifester à Tunis lundi 8 août pour demander l’égalité avec les hommes dans les questions d’héritage.
Sur la place de la Kasbah à Tunis, plusieurs dizaines de Tunisiennes ont manifesté le 8 août pour réclamer l’abolition des discriminations pesant sur les femmes dans leur pays, en particulier celles qui concernent l’héritage.
Le mouvement de protestation a été lancé par l’Association des femmes démocrates (ATFD, féministe), alors que le gouvernement devait revoir le jour même la position de la Tunisie sur la Convention internationale pour l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) : en son temps, le régime de Ben Ali y avait opposé des réserves, notamment sur l’héritage.
Les banderoles des manifestantes affichaient « Non à la discrimination », « Égalité dans l’héritage » ou encore « Pas de dignité sans égalité ». Dans un communiqué distribué sur place, « le Front des femmes pour l’égalité » a appelé le gouvernement provisoire « à s’inscrire clairement contre toutes les formes de discrimination fondées sur le genre ».
"Citoyennes à part entière"
La Tunisie dispose d’une législation avancée en matière d’émancipation des femmes, édictée en 1957 par le premier président Habib Bourguiba. Ces lois qui ont notamment aboli la polygamie, sont encore d’avant-garde dans le monde arabo-musulman, mais n’ont pas touché à la loi islamique en matière d’héritage, qui prévoit que les femmes n’héritent que de la moitié de ce qui revient aux hommes. L’ATFD a fait de l’égalité dans ce domaine son cheval de bataille ces dernières années.
« Dans le contexte unique que vit aujourd’hui la Tunisie, les femmes aspirent à participer à la construction de la démocratie, ainsi qu’au développement de leur pays en tant que citoyennes à part entière », précise le communiqué. « Nous sommes là pour la levée totale des réserves émises par la Tunisie notamment en matière d’égalité dans l’héritage », explique Fayza Skandrani, présidente de l’association Égalité, Parité. « Tant que les femmes ne jouissent pas de l’égalité successorale, on ne pourra jamais parler d’égalité et de démocratie, cette discrimination est à l’origine de toutes les inégalités dans notre société », souligne Noura Chéfi.
Les hommes n’étaient pas absents de la manifestation. « On est là pour défendre nos mères, nos filles, nos épouses et réclamer le partage égalitaire », a affirmé Kamel Jallouli, un militant. Mais d’autres réactions n’étaient pas très amènes. « Vous avez tout et vous êtes en train de nous guider ! Que voulez-vous de plus ! » a lancé un passant irrité.
(Avec AFP)
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