Somalie : les shebab font barrage aux hommes fuyant la famine

Dans les régions du sud somalien, les hommes qui fuient pour rallier les camps de réfugiés se voient empêchés de partir par les insurgés shebab. Le camp de Dadaab enregistre une forte majorité de femmes et d’enfants.

Des réfugiés somaliens arrivent au camp de Dadaab, le 2 août 2011 au Kenya. © AFP

Des réfugiés somaliens arrivent au camp de Dadaab, le 2 août 2011 au Kenya. © AFP

Publié le 5 août 2011 Lecture : 2 minutes.

En Somalie, alors que la famine sévit davantage chaque jour et s’étend à d’autres pays du continent – Ouganda et Zimbabwe -, les insurgés shebab empêchent les hommes de fuir le sud somalien, sous le contrôle des militants islamistes .

Ceux qui parviennent à atteindre le camp de réfugiés de Dadaab, dans l’est du Kenya, racontent les harcèlements, brimades, vols, retours forcés voire enrôlements dont font preuve les shebab pour les contraindre à rester.

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« Ils m’ont capturé et m’ont frappé », explique Ibrahim Nor à l’AFP qui affirme avoir été attaqué par ces derniers à chacune de ses trois premières tentatives de fuite. Avant de pouvoir finalement traverser la frontière. « Ils m’ont dit qu’ils feraient de moi un milicien et que si je refusais, ils me tueraient », rapporte le jeune homme de 20 ans, arrivé nu au camp de Dadaab, car dépouillé de ses vêtements en chemin.

40 000 réfugiés en juillet

Le camp accueille chaque jour environ 1 300 Somaliens et reste le plus grand complexe de réfugiés au monde avec ses quelques 400 000 personnes. Pour le seul mois de juillet, Dadaab a enregistré 40 000 nouveaux arrivants, un record en 20 ans, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Mais 80% d’entre eux sont des femmes et des enfants, souligne l’agence de l’ONU pour l’enfance (Unicef). Quant aux hommes, nombre d’entre eux sont âgés.

« Les milices tentent de recruter les jeunes hommes », assure Adan Ali, 80 ans, qui vient d’arriver dans le camp. « Nous étions en train de quitter notre région (…) quand des hommes en armes sont venus et nous ont dit que nous ne pouvions pas partir », relate-t-il. « Je suis sorti de la voiture, je me suis mis à marcher et je leur ai dit : Tuez-moi, tuez-moi, et ils m’ont laissé partir », explique Ali, qui a mis plusieurs semaines pour traverser la frontière et atteindre le camp.

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Les femmes arrivent donc dans les camps sans leurs époux. « J’ai laissé mon mari derrière », témoigne Habiba Gurow, 40 ans. « Nous avons été pris au milieu d’une fusillade et nous nous sommes retrouvés séparés. Je ne sais pas s’il est encore en vie ». La très faible représentation des hommes parmi les sinistrés est encore plus criante côté éthiopien.

Dans la ville somalienne de Dollow, point de transit de réfugiés pour l’Ethiopie, un correspondant de l’AFP n’a vu qu’une poignée d’hommes disséminés dans une longue file d’attente d’un centre de distribution de nourriture. « Moins de 2% des personnes ici sont des hommes », assure Adan Shiek, de l’ONG somalienne Cafdro. « Vous pouvez le constater par vous-même : ils ne viennent pas ».

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Les shebab ont juré la perte du gouvernement de transition du président Sharif Cheikh Ahmed, soutenu à bouts de bras par la communauté internationale. Les insurgés islamistes shebab sont accusés de contribuer à l’aggravation de la crise en refusant toujours l’accès de leur territoire à de nombreuses ONG et aux agences humanitaires de l’ONU, précipitant la fuite des habitants vers les camps de réfugiés au Kenya et en Ethiopie.

(Avec AFP)
 

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