Greg Germain : « Le festival Off d’Avignon est devenu un vrai phénomène de société »
Les chiffres en hausse du festival d’Avignon Off qui s’est déroulé du 8 au 31 juillet en font le plus important événement de création théâtrale contemporaine : 116 lieux de représentation, 1 143 spectacles, 26 000 représentations, 1,2 millions d’entrées… Entretien avec le directeur du « Off » depuis 2009, Greg Germain.
Jeuneafrique.com : Quels ont été les temps forts du Festival d’Avignon Off 2011 ?
Greg Germain : La présence du ministre de la Culture Frédéric Mitterrand à l’inauguration du festival a été un moment important cette année. C’était une première ! Dans la foulée, tous les candidats aux primaires socialistes sont venus. Pour moi, cet adoubement par les politiques est une reconnaissance de l’importance grandissante du Off. Avec 1 143 spectacles et 1,2 millions d’entrées cette année, il a fait preuve d’une vitalité exceptionnelle. Le mouvement qui a commencé en 1966 avec un spectacle, est devenu un véritable phénomène de société.
Qu’est-ce qui fait la spécificité du "Off" par rapport au "In" ?
Alors que le In » est financé par les pouvoirs publics, le Off est autofinancé, avec les compagnies payant eux-mêmes leur frais de participation. Deuxième spécificité : tandis que les spectacles du In sont souvent élitistes, le Off présente un théâtre réellement populaire, tous publics. Enfin, contrairement à la programmation européocentriste du In, le Off se veut le carrefour de tous les imaginaires. En 2011, sur 969 compagnies, il y avait 93 troupes étrangères : chinoises, taïwanaises, coréennes…
Combien de troupes africaines avez-vous accueillies cette année ?
Aucune. À mon plus grand désespoir. Cela dit, l’Afrique était présente par le biais des gospels magnifiquement chantés par les sœurs Vilakazi du Soweto Vocal Ensemble. Entendre résonner les voix riches et intenses de ces chœurs sud-africains dans la nuit avignonnaise était une expérience peu commune. Le Tarmac de la Villette a pour sa part présenté deux pièces du Camerounais Valéry Ndongo et du Togolais Gustave Akakpo qui interrogent avec humour l’histoire et l’actualité de leur continent. Enfin, le théâtre de la Chapelle du verbe incarné que je dirige à Avignon, a accueilli un colloque universitaire sur le bestiaire dans l’imaginaire scénique africain.
Quelles sont les grandes tendances du théâtre d’outre-mer que présente la Chapelle du verbe incarné depuis maintenant 14 ans ?
Difficile de parler de tendances. Mais le Martiniquais Gaël Octavia dont j’ai programmé Congre et Homard semble s’imposer comme une des grandes voix théâtrales de la Caraïbe francophone. Le clou de la programmation à la Chapelle était la journée du 19 juillet consacrée à Édouard Glissant. Nous avons organisé un marathon de la pensée et des mots du poète disparu, qui s’est terminé par un opéra autour de son poème Le sel noir.
Les thèmes du Off 2012 ?
La guerre d’Algérie en sera un, afin de commémorer les 50 ans de l’indépendance algérienne. Mon vœu le plus cher est de voir les troupes africaines venir présenter leurs productions sans passer par des opérateurs parisiens. À bon entendeur salut !
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Propos recueillis par Tirthankar Chanda
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