Procès Moubarak : la presse égyptienne salue une victoire du peuple
La presse égyptienne a relayé l’incrédulité de toute une nation, qui découvrait mercredi son « dernier pharaon » dans le box des accusés.
La photo de l’ancien homme fort du pays, vêtu de blanc et couché sur une civière derrière les barreaux du box des accusés faisait la Une de tous les journaux. Son procès pour meurtre de manifestants et corruption s’est ouvert mercredi au Caire.
Une image choc, d’autant plus qu’avant sa chute, les photographes avaient pour instruction de ne sélectionner que les clichés les plus flatteurs du chef de l’État. On se souvient tous de cette photo du président, prise à la maison blanche, retouchée pour mettre le raïs devant Barak Obama, Benyamin Netanyahou, Mahmoud Abbas et Abdallah II de Jordanie.
Quant aux allusions à l’état de santé du président, si autrefois elles pouvaient envoyer un journaliste en prison, elle semble aujourd’hui être sa seule chance d’échapper à la justice égyptienne.
Un procès qui rend aux Égyptiens leur dignité
« Le pharaon dans le box », proclamait en Une le quotidien indépendant Al-Masri Al-Yom, alors que le journal d’opposition Al-Wafd se félicitait de voir « le chef du gang… dans la cage ». « Le châtiment : l’impensable fin de Moubarak », titrait Al-Ahram weekly. « Moubarak et son régime aux mains de la justice et bien présents », soulignait de son côté le quotidien gouvernemental Al-Ahram. Jusqu’au moment où il est apparu dans le tribunal, rares étaient ceux qui croyaient que l’ex-président, malade et soigné depuis avril à l’hôpital de Charm el-Cheikh, serait présent dans la salle.
« Et la révolution égyptienne a réussi », se réjouissait pour sa part Al-Dostour (indépendant), dont l’ancien rédacteur en chef, Ibrahim Eissa, avait été condamné à purger une peine de prison en 2008 pour avoir évoqué la santé de M. Moubarak, avant d’être gracié. Le quotidien Rose el-Youssef, lui, estimait que ce procès avait rendu « leur dignité à l’Égypte et aux Egyptiens ».
« Une seule image du président déchu, sur son lit à l’intérieur du box, a tout changé. Les révolutionnaires ont été rassurés sur le fait que le procès était réel et non une comédie », affirme Al-Masri Al-Yom dans un éditorial. Les militants pro-démocraties, qui ont lancé le mouvement de contestation sans précédent ayant renversé M. Moubarak le 11 février, craignaient que l’armée – désormais au pouvoir – ne cherche à épargner l’ex-président issu de ses rangs.
(Avec Afp)
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