Libye : la rébellion divisée après l’assassinat du général Younes

Le mystère entourant l’assassinat du chef d’état-major de la rébellion, le général Younes, exacerbe les tensions parmi les opposants de Mouammar Kadhafi. Des voix s’élèvent notamment pour le limogeage de certains dirigeants du CNT et la tribu du défunt menace de se faire justice elle-même si les coupables ne sont pas arrêtés.

Des insurgés libyens dans le village de Joch, dans l’ouest de la Libye, le 31 juillet 2011. © AFP

Des insurgés libyens dans le village de Joch, dans l’ouest de la Libye, le 31 juillet 2011. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 4 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Après l’assassinat non élucidé du chef d’état-major rebelle, le général Abdelfettah Younes, vendredi dernier, les règlements de compte au sein de la rébellion vont-ils fragiliser le mouvement anti-Kadhafi ? Le Conseil national de transition (CNT, organe politique des rebelles) rentre en tout cas dans la pire zone de turbulence depuis le début soulèvement populaire contre Mouammar Kadhafi.

Un influent groupement d’associations à l’origine de la rébellion, la Coalition du 17 février, a réclamé mercredi le « limogeage » de trois membres du CNT dont la responsabilité, même indirecte, dans l’assassinat de Younes est dénoncée. Le responsable chargé des Affaires internationales du CNT, Ali al-Essaoui, est particulièrement visé. C’est lui qui avait paraphé la demande de « l’arrestation illégale et humiliante » de Younès.

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Dans le viseur de la Coalition se trouvent également le chargé de la Défense du CNT, Jalal al-Digheily, et son adjoint Fauzi Aboukatif. Après avoir été informés de l’arrestation de leur chef d’état-major, tous deux auraient « choisi de voyager en dehors du pays ».

Armée parallèle

Ancien pilier du régime de Kadhafi – il avait participé au coup d’État qui avait porté le « Guide » au pouvoir en Libye en 1969 avant de devenir l’éminence grise de celui-ci – Younès avait été tué dans des circonstances troubles après avoir été rappelé du front pour un interrogatoire à Benghazi, « capitale » des rebelles.

Le corps du général Younes, criblé de balles et partiellement brûlé, avait été retrouvé en périphérie de la ville avec ceux de deux colonels. Agé de 67 ans, il avait été envoyé à Benghazi pour mater la révolte naissante mi-février, il avait rallié la rébellion. Plusieurs responsables du CNT ont accusé les services du colonel Kadhafi, et ont fait état de l’arrestation de plusieurs personnes, dont le « chef » des tueurs. Mais le mouvement rebelle, qui affirme avoir mis en place une commission d’enquête, n’a à ce jour pas révélé l’identité précise des responsables ou des commanditaires présumés.

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Si les responsabilités et les motivations de l’assassinat ne sont pas connues, pour la Coalition du 17 février, une chose est sûre : la disparition de Younes ne doit pas permettre à certains dirigeants du CNT de créer « une armée parallèle, sous quelque nom que ce soit, aux côtés des institutions légitimes ».

Signes de tension

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« Cinquième colonne » parmi les rebelles, islamistes, rivaux ? Quels que soient les coupables, les signes de malaise sont de plus en plus perceptibles dans Benghazi, quadrillée par des hommes en armes. D’autant qu’une cellule dormante d’éléments pro-Kadhafi, agissant sous la couverture d’une brigade rebelle, a été démantelée ces derniers jours.

Par ailleurs, la tension est montée d’un cran quand la puissante tribu des Al-Obeïdi, celle du général Younes, a menacé de se faire justice elle-même si le CNT n’arrêtait pas au plus vite des suspects (en photo ci-contre, des proches du général se recueillant sur sa dépouille, © AFP). Chaque soir au domicile du défunt, les condoléances à la famille sont l’occasion pour les chefs de tribu d’exprimer leur colère et leur défiance contre certains hauts responsables de l’exécutif rebelle. (Avec AFP)

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