Guerre et famine en Somalie : un cercle vicieux qui menace des millions de vies

Depuis 1991, l’instabilité mine la Somalie où des millions de personnes sont à nouveau menacées par la famine. Or la crise alimentaire est elle-même un enjeu de la guerre civile en cours. Un cercle vicieux qui sévit depuis 20 ans sans que personne n’ait encore trouvé de solution durable.

Un enfant somalien souffrant de malnutrition sévère, le 2 août 2011 à Mogadiscio. © AFP

Un enfant somalien souffrant de malnutrition sévère, le 2 août 2011 à Mogadiscio. © AFP

Publié le 3 août 2011 Lecture : 2 minutes.

Les appels aux dons ne cessent de se multiplier. Et ils sont indispensables alors que plus de dix millions de personnes se battent pour leur survie dans la Corne de l’Afrique. Mais l’effort financier suffira-t-il ? Il y a vingt ans déjà, une famine d’une ampleur similaire à celle qui sévit actuellement avait endeuillé le continent africain. Précisément en Somalie, pays en proie à une instabilité dévastatrice depuis le coup d’État qui a chassé du pouvoir le dictateur Mohammed Siad Barré en 1991.

« Même si le détonateur de cette tragédie a été la pire sécheresse depuis 60 ans, il s’agit aussi de notre échec collectif à mettre fin à la guerre civile en Somalie », a estimé mardi Donald Kaberuka, directeur de la Banque africaine de développement (BAD) dans une interview à l’AFP. Autrement dit, bien que la guerre civile ne soit pas à l’origine de la famine, elle en est incontestablement un facteur aggravant, transformant une situation alimentaire tendue en une période de famine.

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Offensives "humanitaires"

Mais le processus s’avère doublement complexe. Si la famine est un résultat indirect de la guerre civile, elle en est également devenue l’un des enjeux les plus importants. Symbole de cet état de fait, l’offensive lancée par l’Union Africaine sur les positions des rebelles Shebab à Mogadiscio, jeudi 28 juillet était directement liée à la situation alimentaire. « Cette action améliorera la sécurité (…) et assurera que les agences humanitaires peuvent continuer de travailler pour fournir des vivres essentiels aux déplacés », a expliqué le lieutenant-colonel Ankunda, de l’UA.

En refusant l’intervention des acteurs de l’aide dans les régions qu’ils contrôlent, dont deux ont officiellement été déclarées en famine par l’ONU, les Shebab ont fait de la crise alimentaire une arme dans la lutte qui les oppose à l’UA et, au delà, à la communauté internationale. Les islamistes affiliés à Al-Qaïda appliquent en quelque sorte une politique de terre brûlée.

Solution diplomatique

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L’enjeu est dramatique à court terme, mais il est également lié à une problématique plus lointaine. Car le pays ne pourra se reconstruire, et éviter ainsi le recours à l’aide humanitaire et aux militaires pour la protéger, qu’en accédant à une stabilité politique qui lui échappe depuis deux décennies. « Parler de solutions à long terme dans ce pays ravagé par la guerre, ou de programmes d’irrigation ou de développement agricole me paraît hors sujet », explique ainsi Philippe Ryfman, spécialiste de l’action humanitaire et du droit international à l’université parisienne de la Sorbonne. Qui ajoute : « Tant que la situation ne s’est pas normalisée, l’aide structurelle ne sert à rien. »

En clair, au-delà des millions de dollars promis aux ONG et aux agences des Nations unies bien entendu indispensables dans l’urgence -, la solution à long terme ne peut être que diplomatique. Et c’est bien une équation politique, davantage que financière, qu’il faut alors résoudre. Un casse-tête que, depuis vingt ans, personne n’a résolu. Comme en témoigne la faiblesse permanente du gouvernement légalement reconnu de Mogadiscio.

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