Côte d’Ivoire : Ouattara limoge Brou Aka de la direction de la RTI
Rendu public dimanche, le limogeage inattendu de Pascal Brou Aka de la direction générale de la Radio télévision ivoirienne (RTI, média public) est diversement apprécié en Côte d’Ivoire. Son entourage n’hésite pas à dénoncer « une mesure injustifiée ».
« Cette décision est la conséquence de graves dysfonctionnements observés dans la gestion quotidienne de la RTI. Ces dysfonctionnements ont atteint leur paroxysme le samedi 30 juillet dernier. En effet, la direction générale de la RTI n’a dépêché aucune équipe de reportage pour assurer la couverture du retour du président de la République de sa visite aux États-Unis d’Amérique ». Telle est la raison officielle avancée par le ministre de la Communication, Coty Souleïmane Diakité, pour justifier le limogeage de Brou Aka.
Lu dimanche sur les ondes de la Télévision de Côte d’Ivoire (la TCI de Alassane Ouattara qui fait office de média national), un communiqué laconique du gouvernement annonce le remplacement de Brou Aka par son adjoint, Lazare Aka Sayé, en qualité de DG par intérim. La surprise est totale tant le professionalisme du journaliste qui avait animé le débat historique entre Gbagbo et Ouattara dans l’entre-deux tours de la présidentielle de 2010 est reconnu.
Pascal Brou Aka, ex-présentateur vedette très apprécié du public, avait été nommé à la tête de la RTI par Alassane Ouattara lui-même, en pleine crise postélectorale. Interrogé par jeuneafrique.com, l’intéressé a préfèré conserver le silence jusqu’à l’issue de la cérémonie de passation des charges prévue mardi au siège de la RTI à Cocody (commune d’Abidjan).
"L’indépendance de Brou était gênante"
L’un de ses proches, qui a souhaité gardé l’anonymat, dénonce « une mesure injustifiée. (…) Le protocole d’État, malgré les sollicitations, n’a donné aucune précision sur la date et l’heure d’arrivée du président. À preuve, aucun média n’était à l’aéroport », argumente-t-il. Pour lui, l’explication du limogeage est à chercher du côté de l’indépendance de Brou. « Ces derniers jours, les téléspectateurs ont pu voir des reportages décrivant le quotidien difficile des Ivoiriens. C’est cela qui, manifestement, gênait le pouvoir », avance-t-il.
Pour le journaliste franco-ivoirien Serge Bilé, l’affaire pose le problème de la libéralisation de l’espace audiovisuel. « Il est temps, affirme-t-il, qu’on libéralise l’audiovisuel ivoirien, pour que les journalistes, les rédacteurs en chef, et les directeurs aient enfin l’opportunité et le courage de faire leur travail en toute liberté, en prenant la mesure, eux-mêmes, de ce qui est important à filmer et à montrer au public qui les jugera et les sanctionnera ».
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