Égypte : une manifestation « unitaire » minée par les dissensions

Des dizaines de milliers de personnes participaient vendredi à une manifestation place Al-Tahrir, au Caire. Initialement intitulée « le vendredi de la volonté populaire », la journée a finalement été largement dominée par des groupes islamistes.

Des Égyptiens réunis sur la place Al-Tahrir, au Caire, vendredi 29 juillet. © Khaled Desouki/AFP

Des Égyptiens réunis sur la place Al-Tahrir, au Caire, vendredi 29 juillet. © Khaled Desouki/AFP

Publié le 29 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Debout sur les podiums montés autour de la place, les orateurs ont exhorté au partenariat et à l’unité, mais la foule, très majoritairement composée de sympathisants salafistes, appelait l’Égypte à « mettre en œuvre la loi de Dieu.»

Dans l’après-midi, sous une chaleur étouffante, des centaines de personnes tentaient toujours de se frayer un chemin vers le centre de la place Al-Tahrir.

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Signe de la tension régnant au sein de la foule, des centaines de protestataires se sont rués vers l’extérieur de la place en criant et causant un mouvement de panique momentané, pour revenir plus tard constater que rien ne s’était passé. « Ne vous inquiétez pas », a exhorté un manifestant, expliquant que « les gens scandaient "Allah Akbar !" ["Dieu est grand"] » et que l’intensité des cris avait pu effrayer certaines personnes et laisser croire que quelque chose s’était passé.

Près de 15 formations politiques prenaient part au rassemblement. Parmi leurs revendications, l’arrêt du renvoi de civils devant des tribunaux militaires, l’accélération du jugement des caciques de l’ancien régime, et la mise en place de salaires minimum et maximum.

Mais ces demandes ont été éclipsées par celles des salafistes, plus nombreux sur la place, qui appelaient à l’instauration d’un État islamique, réclamant l’annulation d’un projet de norme supraconstitutionnelle.

Les salafistes ont maintenu leurs mots d’ordre

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Leur intention de manifester, à l’appel des puissants Frères musulmans alliés à divers groupes musulmans fondamentalistes, faisait craindre des heurts avec les militants des organisations laïques qui campent sur la célèbre place Al-Tahrir du Caire depuis le 8 juillet. Mais après bien des négociations, les deux courants avait finalement convenu de laisser de côté leurs dissensions pour sauver les idéaux de la révolte populaire qui a permis le départ de Moubarak. Les salafistes se sont cependant rétractés à la dernière minute, décidés à maintenir leurs propres revendications, obligeant une trentaine de formations séculières à quitter la place.

Depuis le 8 juillet la place est occupée par des protestataires issus des courants libéraux et des associations de jeunes révolutionnaires qui dénoncent la lenteur des réformes promises par l’armée au pouvoir. Les militaires sont également accusés de violer les droits de l’homme et d’avoir recours aux méthodes de l’époque Moubarak pour écarter tous ceux qui s’opposent à eux. C’est ainsi que le 23 juillet, l’armée a accusé le Mouvement du 6-avril, un groupe de militants pour la démocratie, de « diviser le peuple et l’armée », appelant « le peuple à la vigilance pour ne pas tomber dans le complot visant à miner la stabilité de l’Égypte.»

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Les groupes islamistes avaient, de manière générale, gardé leurs distances vis-à-vis du sit-in des libéraux et avaient organisé leur propre manifestation la semaine dernière, reprochant aux contestataires campant place Al-Tahrir d’aller à l’encontre de l’« identité islamique » de l’Égypte.

(Avec AFP)

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