Guinée : sous la pression de Paris, Conakry met fin au black-out médiatique

Le Conseil national de la communication guinéen a levé jeudi soir l’interdiction faite aux médias de traiter de l’attaque, le 19 juillet, de la résidence présidentielle. Cette interdiction avait entraîné un concert de protestations, y compris de la part de la France jeudi.

La résidence présidentielle, à Conakry, peu après l’assaut du 19 juillet. Lire l’article sur Je © AFP

La résidence présidentielle, à Conakry, peu après l’assaut du 19 juillet. Lire l’article sur Je © AFP

ProfilAuteur_PierreBoisselet

Publié le 29 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Mise à jour le 29 juillet 10h57

La liberté de la presse de retour à Conakry. Trois jours après avoir ordonné « la suspension temporaire de toute émission ou de tout article relatif à l’attentat contre la vie du chef de l’État, ainsi que [de] toute émission interactive à caractère politique », le Conseil national de la communication (CNC) guinéen a levé cette interdiction.

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La suspension de ces émissions avait entrainé une vague de protestations, à l’intérieur de la Guinée comme sur la scène internationale. Les médias privés guinéens avaient dégainé les premiers, réclamant « l’annulation pure et simple » de cette mesure, estimant qu’il s’agissait d’une « violation flagrante de la Constitution qui consacre  la liberté de presse parmi les libertés fondamentales ».

Critiques de Paris

Jeudi, la France avait réagi avec une vigueur inhabituelle vis-à-vis de Conakry. « Cette interdiction constitue une atteinte grave à la liberté d’expression et nous demandons au président Condé de reconsidérer cette décision en sa qualité de garant des libertés en Guinée », avait déclaré Bernard Valero, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

Autre événement qui a pu peser sur la décision de Conakry : le président guinéen Alpha Condé doit par ailleurs rencontrer l’Américain Barack Obama ce vendredi, comme trois autres chefs d’État d’Afrique francophone.

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Cette affaire coïncidait en outre avec la publication d’un rapport très critique de l’ONG Reporters sans frontières (RSF) sur l’état de la liberté de la presse en Guinée.

"À condition qu’il n’y ait pas de dérapage"

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La nouvelle décision du CNC a donc été annoncée jeudi soir sur la RTG (télévision publique guinéenne), quelques heures après les critiques exprimées par Paris. Mais sa présidente, Martine Condé (qui n’a pas de liens familiaux avec le président Alpha Condé mais a été son porte-parole pendant sa campagne présidentielle), se refuse toutefois à parler de « marche arrière ». « C’était un avertissement à la presse », a-t-elle déclaré dans une interview à Radio France Internationale (RFI, qui s’était précédemment conformé à la décision du CNC). Les émissions auparavant suspendues sont à nouveau « autorisées à condition qu’il n’y ait pas de dérapage », a-t-elle ajouté.

Après l’attaque de la résidence du président Alpha Condé et les arrestations qui s’en étaient suivies, les médias guinéens s’étaient livrés à une surenchère d’images de violences et de discours haineux.

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