France : la précarité des Roms s’aggrave, selon Médecins du Monde

Il y a un an, dans son discours de Grenoble, Nicolas Sarkozy faisait du démantèlement des camps de Roms une priorité. Une politique lourde de conséquences pour Médecins du Monde, qui dénonce dans un rapport une aggravation de la précarité des Roms en France.

Une femme assise dans un camp de Roms près de Montpellier, le 19 août 2010. © Archive/AFP

Une femme assise dans un camp de Roms près de Montpellier, le 19 août 2010. © Archive/AFP

Publié le 30 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Ils vivent dans des bidonvilles ou des squats, dans des caravanes délabrées ou des cabanes, pour la plupart sans eau ni électricité. En France, les expulsions répétées des Roms des terrains où ils séjournent, s’accompagnant le plus souvent de la destruction de leurs campements sans proposition de relogement, les ont condamnés à des conditions de vie extrêmement précaires. Leur situation est dénoncée par un rapport de Médecins du Monde (MDM) publié le 26 juillet, presque un an après le discours de Grenoble, le 30 juillet 2010, au cours duquel Nicolas Sarkozy avait fait de ces évacuations et des démantèlements des camps un des objectifs de son mandat.

« Leurs besoins les plus vitaux, tels que l’accès à l’eau potable, ne sont pas satisfaits ; certains nous ont même dit avoir faim », dénonce le Dr Jean-François Corty, directeur des missions France de MDM. « Dans certains campements, nous avons développé des opérations similaires à celles des zones de conflit. Par exemple, en Seine-Saint-Denis en 2009, nous avons distribué du matériel de première nécessité. »

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Rupture de l’accès aux soins

Sur 15 000 Roms présents en France, 9 000 auraient été expulsés du territoire depuis 2010 selon le ministère de l’Intérieur, 10 000 selon MDM. Certaines familles rencontrées par l’ONG ont même été expulsées six fois de leurs lieux de vie au cours des six derniers mois.

Les résultats de l’enquête de MDM sur la couverture vaccinale, réalisée auprès de 281 Roms entre juillet 2010 et juin 2011 dans quatre grandes villes (Nantes, Bordeaux, Marseille, Strasbourg), font froid dans le dos. Seuls 8 % ont un carnet de santé attestant que leurs vaccins sont à jour. L’écrasante majorité des personnes rencontrées n’est donc pas immunisée contre les maladies courantes ou même mortelles. « La violence des expulsions entraîne une rupture de l’accès aux soins », précise le Dr Jean-François Corty.

Les indicateurs de santé sont tout aussi catastrophiques. Par exemple, seule une femme sur dix est suivie durant sa grossesse, la mortalité néonatale (durant le premier mois) est neuf fois supérieure à la moyenne française et les cas de tuberculose sont extrêmement nombreux. « Il y a trois explications à cette situation, explique le Dr Corty : des manques de sensibilisation et d’information sur les lieux de vaccination, ainsi que des expulsions répétées qui rendent le travail des médecins quasi impossible. »

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"La médecine comme arme contre les flux migratoires"

Pour MDM, c’est la politique migratoire des autorités françaises qui a des effets collatéraux catastrophiques sur la santé des Roms. « Il y a aujourd’hui une véritable volonté politique de les empêcher de rester sur le territoire français, en utilisant la médecine comme arme contre les flux migratoires », dénonce le Dr Corty. « C’est un non-sens par rapport à l’éthique médicale. »

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L’organisation pointe du doigt une « politique affichée de restrictions des droits ». L’aide médicale d’État (AME), dont dépend la majorité des Roms, est en effet devenue payante – 30 euros de droit d’entrée – depuis le 1er mars. Un frein supplémentaire dans un parcours administratif déjà complexe. Résultat : 77 % des Roms rencontrés par l’ONG n’ont pas de droits ouverts à l’AME.

Le rapport va être remis dans les prochains jours aux autorités publiques et de santé. Alors, quelles sont les solutions concrètes envisageables pour améliorer le quotidien des Roms ? « Il faut arrêter les expulsions, leur faciliter l’accès au travail, accélérer leur processus d’intégration et laisser les médecins travailler », conclut le Dr Corty. L’alerte est déjà lancée sur la préparation d’une nouvelle vague d’expulsions massives cet été.

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