Somalie : les combats reprennent à Mogadiscio, où affluent les réfugiés
L’Union africaine a lancé jeudi matin une attaque contre les insurgés Shebab à Mogadiscio. Cette opération pourrait compliquer les opérations du Programme alimentaire mondial, qui a mis en place un pont aérien pour venir en aide aux victimes de la sécheresse.
Mogadiscio s’est réveillé dans la violence. D’intenses combats ont éclaté jeudi à l’aube dans la capitale somalienne après une attaque de la force de l’Union africaine (Amisom) sur le marché de Bakara, bastion des insurgés Shebab dans la capitale, a-t-on appris de sources concordantes.
Des échanges de tirs d’artillerie et d’armes automatiques auraient débuté à l’aube sur les lignes de front ceinturant le marché de Bakara et dans la zone de Suqbacad. Selon des témoins, interrogés au téléphone par l’AFP, des soldats de l’Amisom, appuyés par des chars, ont franchi une grande avenue qui marque la ligne de front et donne accès à Bakara.
« Les affrontements sont très violents, impliquant des tanks de l’Amisom », a expliqué un habitant de Suqbacad. « Les rares personnes qui vivaient encore par ici ont tous fui », a-t-il ajouté.
Au moins six personnes ont été tuées et 39 autres blessées dans les combats, dont 19 soldats de l’Amisom, selon les autorités.
Quelles conséquences pour l’acheminement de l’aide ?
La mission de l’Union africaine a confirmé l’attaque, affirmant avoir pris le contrôle à Mogadiscio de trois positions stratégiques, selon un communiqué transmis à l’AFP. « L’Amisom et les forces du TFG [gouvernement de transition] ont monté ce matin une opération de sécurité visant à contenir et neutraliser la menace d’attaques Shebab le long de la ligne de front […] », indique ce texte.
« Cette action va accroître la sécurité dans les zones TFG et aider les agences humanitaires à continuer à opérer et à apporter une aide vitale aux déplacés dans la capitale », a affirmé à ce propos le commandant Paddy Ankunda, un porte-parole de l’Amisom en Somalie. Il a assuré que la force de l’Union africaine avait « parfaitement compris la nécessité de limiter ses opérations pendant que les ONG organisent l’aide humanitaire à destination des victimes de la sécheresse ».
Paradoxalement, cette nouvelle attaque de l’Amisom pourrait pourtant compliquer la mise en place du pont aérien initié mercredi par le Programme alimentaire mondial (PAM) pour venir en aide aux victimes de la sécheresse en Somalie.
L’aéroport de Mogadiscio abrite en effet la principale base de l’Amisom. C’est par son biais qu’a commencé à transiter l’aide humanitaire. Situé en bord de mer, à environ 3 km des lignes de front, il est en théorie hors de portée de combats, en particulier des obus de mortiers des insurgés.
Plus de 100 000 réfugiés
Si, officiellement, l’opération se poursuit,« l’offensive et les mesures de sécurité liées ont des implications importantes » sur les opérations du PAM en cours sur l’aéroport, a commenté David Orr, un porte-parole de l’institution, depuis Mogadiscio.
« Nos partenaires locaux qui transportent et distribuent la nourriture seront peut-être affectés. Mais nous espérons toujours que l’essentiel de nos opérations, si ce n’est la totalité, vont se poursuivre comme prévu », a expliqué David Orr.
Les milices Shebab ont récemment refusé le retour en Somalie des organisations humanitaires qu’ils ont expulsées en 2009 et dont le PAM fait partie. Mais d’autres, tels le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ou Médecins sans frontières (MSF), travaillent encore, sous une pression constante, dans les zones contrôlés par les combattants islamistes.
Dans ce contexte, le choix de la date de l’attaque semble difficile à décrypter, d’autant plus que les combats pourraient mettre en danger les réfugiés qui affluent dans la capitale somalienne. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) estime qu’au moins 100 000 Somaliens ont choisi de rejoindre Mogadiscio ces deux derniers mois.
(Avec AFP)
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