Niger : la tentative de putsch reste mystérieuse
Peu d’informations circulent après l’arrestation de militaires nigériens accusés d’avoir tenté de renverser et d’assassiner le président Mahamadou Issoufou
La nouvelle en a surpris plus d’un. Plusieurs militaires nigériens ont été arrêtés pour avoir tenté de renverser et d’assassiner le chef de l’État, Mahamadou Issoufou, selon une source sécuritaire. Parmi eux figureraient un capitaine et un lieutenant.
Très peu d’informations circulent pour l’instant sur un événement encore très difficile à expliquer. « Les investigations se poursuivent », et les autorités s’exprimeront « le moment venu », a expliqué une source gouvernementale. « Plusieurs militaires, dont un commandant et un lieutenant, ont été arrêtés depuis vendredi [22 juillet] et sont toujours placés en garde à vue à la gendarmerie pour "tentative de renversement du régime" et "tentative d’assassinat" du président Issoufou », a simplement indiqué, sans plus de précision, une source sécuritaire qui a requis l’anonymat.
Dans son édition de mardi, l’hebdomadaire indépendant Le Courrier affirme, de son côté, qu’un capitaine et un lieutenant accusés d’« atteinte à la sûreté de l’État » ont été placés en garde à vue à la gendarmerie de Niamey. Des documents sur la mise en place d’un « Conseil national pour la restauration de la démocratie populaire » ont été saisis chez un civil, qui a réussi à « prendre la fuite », ajoute le journal, dont les écrits n’ont pour l’heure pas été confirmés.
Trois civils auraient été arrêtés puis relâchés
Une seule personnalité a accepté de parler publiquement. Il s’agit d’Hawa Abdou Hambaly, députée de la mouvance présidentielle et belle-sœur du lieutenant Ousmane Awal Hambaly, l’un des militaires arrêtés. S’exprimant en haoussa (la langue nationale) sur la radio privée R&M, elle a raconté que ce dernier l’avait appelée le 12 juillet pour lui dire « qu’il avait des "problèmes" et qu’il venait d’être relevé de son poste à la garde présidentielle ».
« Le même jour, dans la soirée, beaucoup de militaires armés sont venus chez lui et ont examiné son ordinateur, où ils ont dit avoir découvert des "choses" », a poursuivi Hawa Abdou Hambaly, qui dit avoir demandé « en vain » lundi à voir son beau-frère.
Un autre proche de ce militaire a déclaré à l’AFP, sans plus de détails, que « trois civils, deux frères et un cousin du lieutenant Hambaly, ont été arrêtés puis relâchés ».
Coups d’État à répétition
Ancien opposant socialiste, Mahamadou Issoufou a été élu en mars dans le cadre d’un scrutin démocratique organisé par la junte du général Salou Djibo, qui avait renversé en février 2010 le président Mamadou Tandja après dix ans de pouvoir. C’est la première fois que de tels soupçons sont portés sur des éléments de l’armée depuis l’arrivée d’Issoufou à la tête de cette ex-colonie française, abonnée aux coups d’État depuis son indépendance de 1960.
Dans un entretien à Jeune Afrique (n° 2636), Mahamadou Issoufou disait pourtant avoir confiance en cette armée, dont il a réorganisé la hiérarchie début juin. « Elle est, pour l’essentiel, une armée républicaine », assurait-il.
Selon la télévision publique, il a quitté mardi après-midi Niamey pour les États-Unis. Le président Barack Obama doit le recevoir vendredi à la Maison Blanche avec trois autres chefs d’État d’Afrique subsaharienne francophone, récemment élus dans des scrutins considérés comme satisfaisants par Washington, qui veut ainsi exprimer son soutien à ces « démocraties en développement ».
(Avec agences)
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