Guinée : black-out médiatique sur l’attaque du 19 juillet contre Alpha Condé

Les autorités guinéennes ont interdit « temporairement » à tous les médias nationaux de traiter de la tentative d’assassinat du président Alpha Condé. Ceux-ci réclament l’annulation de cette mesure, qu’ils considèrent comme une atteinte à la liberté de la presse.

La résidence présidentielle, à Conakry, peu après l’assaut du 19 juillet. © Cellou Diallo/AFP

La résidence présidentielle, à Conakry, peu après l’assaut du 19 juillet. © Cellou Diallo/AFP

Publié le 27 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Suite à l’attaque contre la résidence du président guinéen Alpha Condé, le Conseil national de la Communication (CNC) a ordonné « la suspension temporaire de toute émission ou de tout article relatif à l’attentat contre la vie du chef de l’État, ainsi que [de] toute émission interactive à caractère politique en français et dans toutes les langues nationales sur toute l’étendue du territoire ».  Dans un courrier daté du 25 juillet et rendu public le lendemain, l’organe de  régulation précise que  « sont concernés tous les organes d’information publics et privés (radios télévisions publiques et privées, presse écrite et presse en ligne) ».

« Tout manquement à cette décision sera sanctionné conformément à la loi », menace le CNC. Il ne précise pas davantage les sanctions encourues, mais la loi guinéenne prévoit, en cas de manquement aux règlements en vigueur, la suspension des médias audiovisuels, la fermeture temporaire des publications, ou encore des amendes.

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"Violation de la Constitution"

Mardi soir, soit après l’entrée en vigueur de la décision (il est précisé qu’elle prend effet dès sa signature), la chaîne d’État, RTG, a néanmoins accordé plusieurs minutes à l’attentat du 19 juillet. Alpha Condé y a consacré une partie de son adresse à la nation précédant son départ pour les États-Unis, où il sera reçu, vendredi, par le président américain Barack Obama. Le chef d’état-major des forces armées, le général Souleymane Kéléfa Diallo, ne s’est pas non plus privé de faire référence à la tentative d’assassinat, dans un discours prononcé à l’occasion d’une rencontre avec Condé et diffusé à la télévision.

Quant aux trois principales associations représentant les médias privés ont exigé, dans une déclaration conjointe, « l’annulation pure et simple » de cette mesure à laquelle elles « affirment n’avoir jamais été associées ». Elles estiment qu’il s’agit d’une « violation flagrante de la Constitution qui consacre  la liberté de presse parmi les libertés fondamentales ».

Les médias internationaux dans le flou

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Le CNC ne précise pas si cette décision s’applique aux médias internationaux, mais ce mercredi matin, Radio France Internationale (RFI) a décidé de s’y conformer en changeant le thème d’une de ses émissions. « Nous avions prévu aujourd’hui de consacrer la deuxième partie de cette émission à l’attaque menée la semaine dernière contre la résidence du président guinéen », a rappelé Juan Gomez, le présentateur de l’émission « Appels sur l’actualité ». « Mais hier, le CNC a pris la décision de suspendre temporairement notamment les émissions interactives relatives à l’attentat contre la vie du chef de l’État. […] Nous nous conformons bien évidemment à ce décret. »

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Cécile Sow, à Dakar

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