Jeunes Sénégalais cherchent cartes d’électeur (urgent)
À quelques jours de la clôture des inscriptions sur les listes électorales, fixée au 31 juillet, les autorités sont incapables de gérer l’affluence de dernière minute. Les files d’attente s’allongent, effet de la contestation citoyenne qui a incité les jeunes à demander en masse leur carte d’électeur.
Les bureaux d’inscription ne s’attendaient pas à un tel engouement. Dans ces centres, plusieurs dizaines de jeunes gens se présentent chaque jour, prêts à remplir la première étape de leur devoir de citoyen. Seulement, dès l’ouverture, le service est submergé. « C’est lent, je suis ici depuis huit heures et ça n’avance pas », affirme ainsi Bineta Baldé, 22 ans, interrogée par RFI au centre socioculturel du quartier populaire de Fass, à Dakar.
Dans ce bureau, le responsable explique recevoir vingt ou trente personnes par jour, et ce depuis plusieurs semaines. Les pièces d’identité s’empilent et la liste s’allonge sur le carnet de ce retraité, qui enregistre chaque inscription à la main. Pourquoi un tel retard ? « Ils ont voulu attendre le dernier moment pour faire la queue. Au début, ils ne venaient pas, on ne recevait que deux ou trois personnes par jour. »
"Et toi, as-tu ta carte d’électeur ?"
Les jeunes Sénégalais semblent aujourd’hui faire de la carte d’électeur une priorité, et de leur devoir citoyen une véritable arme de contestation. L’effet d’une mobilisation citoyenne de grande ampleur. Car depuis janvier, avec le lancement du collectif « Y’en a marre », devenu symbole de la contestation, les rassemblements se multiplient et s’amplifient. Le 23 juin et, un mois plus tard, le 23 juillet, les pancartes s’ornaient entre autres de slogans tels que : « Et toi, as-tu ta carte d’électeur ? »
« Le problème des Sénégalais, c’est le fatalisme, le laxisme », explique ainsi Fadel Barro, cofondateur du mouvement « Y’en a marre », interrogé par jeuneafrique.com. « Nous avons voulu créer un sursaut en les sensibilisant afin de provoquer un vote massif en 2012 », ajoute-t-il. Et la manœuvre a visiblement réussi, avec toutefois un problème de délai : bon nombre de Sénégalais risquent de ne pas pouvoir se faire enregistrer sur les listes électorales avant le 31 juillet, alors même que les inscriptions sont ouvertes depuis le 2 janvier dernier.
L’opposition demande un nouveau report
Et c’est l’un des enjeux principaux de la contestation qui anime les rues de Dakar. Si leur revendication centrale reste l’abandon de la candidature d’Abdoulaye Wade à la présidentielle de février 2012, les opposants espèrent obtenir du président un report de la date de clôture des inscriptions. « Il suffirait de la repousser d’un mois », estime Fadel Barro.
Cependant, ce report serait déjà le deuxième. La date butoir était en effet initialement fixée au 10 juin. Mais, en mai, les nouveaux inscrits n’étaient, selon RFI, qu’environ 30 000 pour un potentiel de 1 million à 1,6 million selon les estimations. Le ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom, avait alors accepté de repousser la clôture au 31 juillet. Ce qui n’aura pas suffi.
C’est donc Cheikh Guèye, nommé lundi au poste de ministre chargé des Élections, qui devra se prononcer sur l’opportunité d’un bis repetita. Non sans avoir consulté Abdoulaye Wade à qui, sans aucun doute, reviendra la décision finale. Car, si la mobilisation citoyenne pousse les jeunes Sénégalais aux urnes, la vague n’est a priori pas favorable au président sortant, toujours décidé à briguer sa propre succession.
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