Guinée : les opposants se barricadent

Les opposants du président guinéen, Alpha Condé, qui a échappé à une tentative d’assassinat le mardi 19 juillet, craignent pour leur sécurité. À Conakry, ils se barricadent pour se prémunir contre des « représailles injustifiées ».

Patrouille de Gardes républicains à Conakry, le 19 juillet. © AFP

Patrouille de Gardes républicains à Conakry, le 19 juillet. © AFP

Publié le 26 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Ce dimanche 24 juillet, des dizaines de jeunes Guinéens sont rassemblés devant le domicile de Mamadou Mouctar Diallo, président des Nouvelles forces démocratiques (NFD) et porte-parole du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition (opposition radicale). Dans ce quartier populaire de Pharma Guinée (commune de Dixinn), ils se relaient depuis le mercredi, au lendemain de la tentative d’assassinat du président Alpha Condé. Ils ne sont pas des soldats et refusent d’être assimilés à des miliciens. « Nous sommes des militants, qui volontairement, sommes venus pour servir de bouclier humain autour de nos leaders politiques », assure l’un d’entre eux.

Car plusieurs responsables de l’opposition sont barricadés au domicile de Mouctar Diallo. Le choix de sa propriété n’est pas fortuit. Cette grande résidence, réhabilitée au moment où son propriétaire était ministre de l’Élevage de la transition militaire (décembre 2009-décembre 2010), est située en bordure de route, entre une gare routière grouillante de monde et le marché, lui aussi très fréquenté, de Pharma Guinée, à côté du siège du Conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG, principale association de la société civile).

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"Liste noire"

« Nous sommes cloisonnés ici parce que nous avons appris que nos noms circulent sur une liste noire détenue par un commando », explique Etienne Soropogui, vice-président des NFD, retranché chez Mouctar Diallo avec Faya Millimouno, vice-président de la Nouvelle génération pour la République (NGR, formation du candidat malheureux à l’élection présidentielle Abé Sylla), et Fodé Oussou Fofana, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, parti du principal opposant Cellou Dalein Diallo, rival d’Alpha Condé au second tour de la présidentielle).

La nécessité de se rassembler s’est imposée à eux, après « la descente musclée de militaires au domicile de Bah Oury, vice-président de l’UFDG, l’arrestation [puis la libération, NDLR] du beau-fils de Cellou Dalein [Diallo] et les disparitions de plusieurs civils, mais aussi de militaires », indique Mouctar Diallo.

Faya Millimouno, qui avait salué dans un premier « le discours d’apaisement et responsable du président », a déchanté face « aux dérives qui ne sont pas forcément le fait d’Alpha Condé, qui est bien placé pour savoir que les représailles injustifiées contre des opposants sont inconséquentes et improductives ».

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"Nous ne sommes nullement mêlés à cette affaire"

Après avoir consulté ses e-mails sur son téléphone portable, Fodé Oussou Fofana, ex-directeur de campagne de Cellou Dalein Diallo, les traits tirés, rappelle l’attitude responsable de l’opposition lors de la proclamation des résultats du second tour de l’élection présidentielle, en décembre dernier : « Nous croyons en la démocratie et nous ne sommes nullement mêlés à cette affaire. Alors les persécutions contre nos militants et les menaces sur nous sont totalement contre-productives. »

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Cette présence au domicile de Mouctar Diallo est raillée par le pouvoir. « Ce sont des gens qui se reprochent des choses et qui veulent juste attirer l’attention des médias en faisant des mises en scène dont ils sont coutumiers. Personne ne les menace », commente un proche de Condé.

Les responsables de l’opposition n’entendent regagner leurs domiciles respectifs que « quand la sécurité sera garantie pour tous et que le pouvoir [montrera] ses dispositions à faire la lumière sur cette affaire, pour que cela ne se répète pas ». En attendant, ils continuent de réclamer la formation d’une commission d’enquête indépendante.

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André Silver Konan, envoyé spécial

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