Sécheresse dans la Corne de l’Afrique : l’aide espérée se fait attendre

La réunion d’urgence organisée lundi, à Rome, n’a débouché sur aucun engagement concret pour venir en aide aux 12 millions de personnes menacées par la sécheresse qui frappe l’est du continent.

Un avion de la Croix-Rouge est stationné le 24 juin 2006 sur le tarmac, près de Mogadiscio. © AFP/Archives, Stringer

Un avion de la Croix-Rouge est stationné le 24 juin 2006 sur le tarmac, près de Mogadiscio. © AFP/Archives, Stringer

Publié le 26 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Les ONG sont en colère. Alors que la journée de lundi devait être celle de la mobilisation de la communauté internationale pour lutter contre la famine qui touche la Corne de l’Afrique, la réunion d’urgence convoquée à Rome par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) n’a débouché sur aucune mesure concrète ni aucun engagement chiffré.

Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, a bien réclamé une « aide internationale massive et urgente », mais les contours de cette aide sont restés flous, à la grande déception des organisations humanitaires.

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Toutes les questions liées aux montants précis promis ou versés par les contributeurs ont été éludées par le directeur général de la FAO et le ministre français de l’Agriculture, Bruno Le Maire, lors de la conférence de presse qui a suivi la réunion. Tous deux se sont contentés de rappeler l’aide déjà promise par les pays riches : 100 millions d’euros de la part de l’Union européenne et 10 millions d’euros de la France.

"Un échec de la communauté internationale"

Malgré de nombreuses annonces, les agences de l’Organisation des Nations unies (ONU) n’ont ont pour le moment reçu que la moitié de la somme espérée, qui s’élève à 1,6 milliard de dollars (plus de 1,1 milliard d’euros) rien que pour la Somalie, selon le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon.

Jacques Diouf avait, de son côté, évalué à 300 millions de dollars l’aide nécessaire dans les deux prochains mois et à 1,6 milliard de dollars les besoins pour les 12 mois à venir.

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À l’origine de la réunion de lundi (convoquée à la demande de la France), Bruno Le Maire s’est pourtant montré assez critique mardi sur l’action menée par la communauté internationale. Il a fait état d’une situation « insupportable », traduisant « un échec de la communauté internationale depuis plusieurs années dans l’approche que nous avons eue de la faim de la monde ».

Rendez-vous mercredi à Nairobi

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La réunion de lundi visait à « faire le point sur l’état d’avancement des donations, sur les besoins, et [à] préparer la conférence des donateurs de Nairobi » prévue mercredi, a expliqué Bruno Le Maire.

Une conférence des donateurs, qui n’en sera pas « formellement » une, a tenu à préciser la FAO dans l’après-midi, lundi. Pas d’engagement sur des sommes précises au programme, donc, mais une simple « réunion de routine à laquelle sont invités des donateurs ».

La Banque mondiale a annoncé lundi, avant l’ouverture de la réunion, l’octroi de 500 millions de dollars, en plus des 12 millions débloqués pour apporter une « aide immédiate ». Le Royaume-Uni s’est également engagé, vendredi, à fournir une aide d’urgence de 59 millions d’euros. Les États-Unis ont quant à eux décidé d’augmenter de 28 millions de dollars le montant de leur aide (431 millions de dollars depuis le début de l’année). Enfin, Berlin a annoncé augmenter de 5 millions d’euros son aide d’urgence pour la Corne de l’Afrique (le pays verse déjà 240 millions d’euros dans le cadre de programmes d’aide au Kenya et à l’Ethiopie).

Déçue, la directrice de l’ONG britannique Oxfam, Barbara Stocking, a jugé « honteux que seules quelques-unes des économies les plus riches et les plus puissantes aient été disposées à montrer leur engagement aujourd’hui pour sauver des vies ».

L’organisation non-gouvernementale One, créée par le chanteur Bono, a de son côté espéré que « les mots forts et émotionnels prononcés par les représentants du monde entier seront suivis d’actes aussi forts en faveur des hommes, femmes et enfants qui meurent de faim ».

Au moins 100 000 déplacés somaliens à Mogadiscio

Sur place, la situation est toujours aussi critique. Depuis le début du mois en juillet, quelque 40 000 personnes fuyant la famine ont convergé vers Mogadiscio en quête d’eau et de vivres, a indiqué vendredi une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR).

« Environ 30000 autres sont arrivées dans des camps à 50 kilomètres du centre de la capitale », a déclaré Vivian Tan, porte-parole du HCR, estimant qu’au moins 100 000 personnes étaient arrivées à Mogadiscio ces deux derniers mois.

(Avec agences)

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