Égypte : la justice suit son cours avec les caciques de l’ancien régime

Lundi, la justice égyptienne a inculpé pour corruption l’ancien Premier ministre Ahmed Nazif, alors que le procès pour meurtre de l’ex-ministre de l’Intérieur Habib el-Adly est reporté au 3 août.

L’ancien Premier ministre égyptien Ahmed Nazif (D), le 26 juillet 2011 à Kampala, en Ouganda. © Mahmud Turkia/AFP

L’ancien Premier ministre égyptien Ahmed Nazif (D), le 26 juillet 2011 à Kampala, en Ouganda. © Mahmud Turkia/AFP

Publié le 25 juillet 2011 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 18h00

Ahmed Nazif a été inculpé pour corruption au terme d’une audition par le parquet militaire qui l’a placé en détention pour 15 jours. Il est accusé de s’être approprié un terrain appartenant à l’État et d’avoir détourné de l’argent public.

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C’est la première fois qu’un dignitaire du régime d’Hosni Moubarak est entendu par un tribunal militaire. Le procureur a décidé de transférer ce cas à la justice militaire en raison du statut de général à la retraite de Samir Farag, ancien gouverneur de Louxor (sud de l’Égypte), entendu en même temps que l’ex-Premier ministre et qu’un homme d’affaires, Mamdouh Qoleib.

Nazif avait été nommé en 2004 à la tête d’un gouvernement de tendance libérale. Les administrations successives qu’il a dirigées jusqu’en 2011 étaient surnommées par la presse « les gouvernements des hommes d’affaires », à cause de l’entrée en politique d’un grand nombre de businessmen. Les mesures adoptées par ces derniers sont jugées responsables du creusement des inégalités et de l’augmentation de la pauvreté au sein de la société égyptienne.

"Purifier" l’élite politique

Depuis la promesse des militaires de traduire en justice tous les dignitaires soupçonnés d’abus, plusieurs figures de l’ancien régime font l’objet de procédures judiciaires.

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Le 12 juillet déjà, trois responsables de l’ère Moubarak étaient condamnés à des peines de prison dans une affaire d’utilisation abusive de fonds publics et de profits illicites : parmi eux, l’ancien ministre des Finances Youssef Boutros Ghali, ainsi que l’ex-Premier ministre Ahmed Nazif et Habib el-Adly, qui fut un ministre de l’Intérieur redouté.

Ce dernier attend par ailleurs de passer devant la justice pour répondre de son rôle dans la mort de 850 manifestants pendant les soulèvements populaires de janvier et février. Initialement prévu le 25 juillet, le procès a été reporté au 3 août, pour avoir lieu en même temps que celui de l’ancien dictateur. Seront également jugés six de ses adjoints.

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Habib el-Adly est brièvement apparu lundi sur le banc des accusés pour l’ouverture de son procès, retransmise en direct par la télévision d’État. Des centaines de manifestants, parmi lesquels des parents de personnes tuées lors du soulèvement, ont afflué près du tribunal et ont lancé des pierres sur le convoi qui transportait l’ancien ministre.

L’annonce du report du procès relance les incertitudes sur le lieu choisi pour juger Moubarak, actuellement hospitalisé à Charm el-Cheikh en raison de problèmes cardiaques. Le procès pourrait ainsi avoir lieu au Caire plutôt que dans la station balnéaire, ainsi que le réclament des militants des droits de l’homme.

Des procès télévisés

Après plusieurs décisions de relaxe et le report de certains verdicts, les nouvelles autorités sont vivement critiquées par une partie de la population pour la lenteur et l’opacité des procédures judiciaires. Le procureur général en particulier, Abdel Meguid Mahmoud, inquiète la foule des manifestants, qui réclame sa démission. Il avait été nommé par Moubarak.

La décision a donc été prise de diffuser en direct les procès des caciques de l’ancien régime pour apaiser la colère des manifestants. C’est ainsi que le 18 juillet, les Égyptiens ont pu suivre en direct à la télévision, pour la première fois, le procès de l’ancien ministre de l’Information Anas el-Fekki, accusé d’avoir dilapidé des fonds publics.

(Avec AFP)

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