Délocalisons le Tour !

Je ne sais pas si vous avez suivi le Tour de France cycliste, qui vient de s’achever, mais croyez-moi, c’était fabuleux ! Je ne parle pas de la course elle-même : entre nous, je n’y connais rien et je ne goûte que modérément la vue de bonshommes juchés sur des vélos et pédalant pendant des heures, qu’il vente ou qu’il neige. Non, ce que j’ai trouvé impressionnant, c’est le spectacle de la France vue d’en haut, en images qui défilent en Technicolor. De plus les télés qui transmettent l’événement ont pris soin d’enregistrer à l’avance beaucoup d’images, par exemple de l’intérieur des églises qui se trouvent le long du parcours. Donc on regarde l’étape et puis une image s’incruste, celle d’un monument, d’un beffroi, d’une ruine de château, etc. C’est le moment de s’instruire : c’est quoi déjà, le style roman, le style gothique ?

Les télés ne font pas ça juste pour la beauté du geste. Il se trouve que le Tour de France est transmis dans plus de 190 pays dans le monde, autant dire qu’on le suit partout sauf en Libye et en Corée du Nord. Et tous ces téléspectateurs peuvent voir à quel point la France est belle, à quel point les paysages sont variés, les villages pittoresques, la montagne à couper le souffle, etc. Cela fait des millions d’heures de publicité gratuite pour le tourisme français.

C’est ce qui me donne l’idée de proposer ici au ministre du Tourisme marocain qui s’arrache les cheveux en ce moment (33% de touristes en moins cette année) une idée aussi simple que géniale : pourquoi ne pas délocaliser l’an prochain le Tour de France au Maroc ? Ce serait un beau geste de solidarité de la France envers son ami et allié indéfectible du sud de la Méditerranée. On délocalise des industries entières, pourquoi pas quelques machines et des bonshommes juchés dessus ? Vous protestez :

– Attends, c’est idiot : délocaliser le Tour de France au Maroc, ce ne serait plus le Tour de France.

Pas du tout ! On a bien délocalisé le Paris-Dakar en Amérique du Sud et Paris-Brest dans une pâtisserie, non ? Et les deux dernières Coupes de l’America, en voile, se sont déroulées à Valence, en Espagne, et pas en Amérique. Alors, pourquoi pas nous ?

– Mais, m’objectez-vous, si on délocalise le Tour au Maroc, que fera-t-on en France, en juillet, l’an prochain ?

Eh bien, on pourrait y organiser le Tour de Chine. Et toc ! 1-0 pour la France. Une délocalisation à l’envers, c’est toujours bon à prendre.