Sécheresse dans la Corne de l’Afrique : la communauté internationale se mobilise
La Banque mondiale et l’Union européenne ont promis de lever plusieurs centaines de millions d’euros alors qu’une réunion internationale d’urgence organisée par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture se tient lundi, à Rome.
Face à la crise alimentaire qui frappe la Corne de l’Afrique, la communauté internationale a décidé d’agir. De la Banque mondiale à l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en passant par l’Union européenne (UE) et le Programme alimentaire mondial (PAM), tous sont sur le pont pour tenter d’apporter une réponse à la grave sécheresse qui frappe quelque 12 millions de personnes à l’est du continent, selon les Nations unies. Parmi les pays les plus touchés par la « plus grave crise alimentaire » survenue en Afrique depuis la famine de 1991-1992 en Somalie, figurent le Kenya, la Somalie, et l’Éthiopie.
La Banque mondiale a annoncé lundi l’octroi de 500 millions de dollars (environ 348 millions d’euros) pour faire face à l’urgence dans la Corne de l’Afrique. Cette somme s’ajoute à 12 millions de dollars débloqués pour apporter « une aide immédiate à ceux qui sont le plus touchés par la crise », a précisé la Banque mondiale dans un communiqué.
« Le secours immédiat est la première priorité et il est important d’agir vite pour réduire la souffrance humaine, mais nous sommes également attentifs aux solutions à long terme », a dit le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, dans ce communiqué.
"Une aide internationale massive et urgente" est nécessaire
Cette annonce intervient alors qu’a débuté, lundi matin, à Rome, une réunion ministérielle d’urgence convoquée par la FAO à la demande de la France, qui préside le G20. « La sécheresse dans la Corne de l’Afrique a provoqué une situation catastrophique qui exige une aide internationale massive et urgente », a déclaré le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, à l’ouverture de la réunion.
« Il faut sauver des vies et réagir », a ajouté M. Diouf, qui a chiffré à 300 millions de dollars les besoins pour les deux mois à venir et à 1,6 milliard de dollars ceux des 12 prochains mois. La directrice du Programme alimentaire mondial, Josette Sheeran, a quant à elle annoncé que le pont aérien d’aide pour Mogadiscio commencera mardi.
Samedi, la commissaire européenne responsable de l’aide humanitaire, Kristalina Georgieva, avait promis une aide immédiate de 27,8 millions d’euros, venant s’ajouter aux 70 millions d’euros déjà affectés à la région cette année par l’UE.
Les appels à l’aide se multiplient
Les célébrités se mobilisent également. Une trentaine de personnalités, dont le chanteur Bob Geldof, qui avait mobilisé la planète contre la faim dans les années 1990 avec son Band Aid, ont appelé les dirigeants de la planète à « débloquer vite » les fonds promis.
Outre Bob Geldof, figurent parmi les signataires le chanteur ivoirien Tiken Jah Fakoly, l’acteur et réalisateur britannique Stephen Fry, l’actrice franco-britannique Kristin Scott Thomas, et les comédiens allemands Jana Pallaske et Michael Mittermeier. Des militants de plusieurs associations humanitaires (ActionAid, One, Oxfam, Save the children, Transparency International) ont également signé cet appel.
Selon eux, « 600 millions de dollars supplémentaires sont nécessaires maintenant pour aider nos concitoyens. Ce n’est pas grand-chose à l’échelle du monde, même si certains pays connaissent des difficultés économiques ».
Risques de déstabilisation du Kenya
L’aide est une chose, la gestion des réfugiés une autre. Fuyant la famine et l’instabilité politique, plus de 135000 Somaliens ont rejoint le Kenya et l’Éthiopie depuis le début de l’année, dont 54000 pour le seul mois de juin, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (HCR).
Le Kenya a fait part de ses vives inquiétudes devant cet afflux de réfugiés. Jeudi, le porte-parole du gouvernement Alfred Mutua a suggéré que des camps de distribution de nourriture soient installés en Somalie.
« Le flux actuel de réfugiés n’est pas tenable et le fardeau pourrait être trop lourd à supporter » a-t-il dit. Il a souhaité une « solution plus viable qui aide réellement les réfugiés chassés par la sécheresse ».
Les autorités kenyanes ont fait état de risques d’infiltrations d’insurgés somaliens au sein des réfugiés qui affluent par dizaine de milliers à Dadaab, dans l’est du Kenya. Ce camp de réfugiés, le plus grand camp du monde, accueille 380000 personnes. Le gouvernement kenyan l’a élargi pour pouvoir en recevoir 40000 de plus.
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?