Togo : trois anciens ministres condamnés pour détournement de fonds
La cour d’assises de Lomé a condamné, jeudi, Eugène Koffi Adoboli, Premier ministre de 1998 à 2000, à cinq ans d’emprisonnement et ses deux coaccusés, anciens membres de son gouvernement, à huit ans. Des peines prononcées en l’absence des prévenus.
La justice togolaise reproche à l’ex-chef du gouvernement et à ses anciens collaborateurs d’avoir détourné plusieurs centaines de millions de F CFA dans le cadre d’un projet de construction de villas devant abriter les hôtes du Togo lors du sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, qui a précédé l’Union africaine), en 2000.
Une peine de cinq ans d’emprisonnement a été prononcée à l’encontre d’Eugène Koffi Adoboli, qui devra en outre s’acquitter d’une amende de 100 millions de F CFA (plus de 150000 euros).
Deux anciens ministres de son gouvernement, Agboli Hope (titulaire du portefeuille de l’Urbanisme) et Issa Samarou Saïbou (ancien secrétaire d’État chargé de la Promotion du secteur privé), étaient également jugés dans cette affaire. Ils ont été condamnés à huit ans d’emprisonnement et 700 millions de F CFA d’amende.
Les trois coaccusés devront également verser 500 millions de F CFA à l’État au titre de dommages et intérêts.
Tous absents du procès, les trois anciens ministres sont sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
"Fausses accusations"
Depuis Genève, où il vit, Eugène Koffi Adoboli a nié en bloc les accusations portées contre lui, et crie à l’arbitraire, affirmant qu’il n’a été prévenu de la tenue du procès que mercredi, la veille de l’audience.
« La justice s’est fondée sur de fausses accusations pour me condamner. […] Jamais je n’ai détourné des fonds de l’État togolais. Ma mission a été d’organiser le sommet de l’OUA, qui a été une grande réussite », a-t-il protesté, selon Le Canard indépendant, un hebdomadaire privé togolais.
Pour l’ex-Premier ministre, « c’est plutôt le gouvernement togolais qui [lui] doit de l’argent » : « plus de 200 millions de francs CFA qui correspondent à divers frais que j’avais financés de ma propre poche. »
« Les autorités ne peuvent pas prétendre […] que j’ai fui le pays », a insisté Eugène Koffi Adoboli. « Car elles savent très bien que je vivais en Suisse en tant que haut fonctionnaire des Nations unies avant qu’elles m’invitent pour assumer les fonctions de Premier ministre. »
M. Adoboli était le chef du gouvernement du 21 mai 1998 au 31 août 2000, sous la présidence de Gnassingbé Eyadéma, père de l’actuel chef de l’État. Il était auparavant fonctionnaire international à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) à Genève et au Corps commun d’inspection des Nations unies.
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