Abdoulaye Wade : « L’excès de liberté est à l’origine des troubles » au Sénégal

Dans une interview au quotidien français La Croix, le président sénégalais exclut de démissionner, affirmant que son départ créerait « un chaos pire qu’en Côte d’Ivoire ».

Le président sénégalais Abdoulaye Wade lors d’un discours, le 19 mars 2011 à Dakar. © AFP

Le président sénégalais Abdoulaye Wade lors d’un discours, le 19 mars 2011 à Dakar. © AFP

Publié le 22 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

À la veille d’un samedi qui s’annonce explosif, le président sénégalais Abdoulaye Wade s’est exprimé jeudi dans la presse française. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses déclarations ne vont pas dans le sens des revendications des manifestants qui le défient depuis maintenant un mois.

Toujours friand de phrases chocs, il déclare dans un entretien au quotidien La Croix que c’est un « excès de liberté » qui est à l’origine du mouvement de contestation sénégalais. « Dans les pays arabes, les gens se sont mobilisés contre des dictatures. Leurs pays étaient caractérisés par l’absence de liberté. Ici, c’est l’excès de liberté qui est à l’origine de ces troubles. Cet excès permet à certains de dire et de faire n’importe quoi contre le régime », affirme-t-il.

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Dénonçant les violences qui ont émaillé les rassemblements du 23 et 27 juin, il estime que les leaders de l’opposition, qualifiés de « marxistes ou socialistes », « profitent des coupures d’électricité (…) pour (le) déstabiliser ».

"Mon fils a de grandes capacités"

Selon lui, son projet d’un « ticket gagnant président vice-président » n’a pas été compris. Le 23 juin, « l’opposition a profité d’une double erreur de (sa) part » pour « essayer d’enflammer le pays ». Le président avait finalement retiré son projet de réforme constitutionnelle (qui prévoyait également d’abaisser à 25% au lieu de 50% le seuil permettant d’être élu au premier tour) sous la pression des manifestants.

Abdoulaye Wade réfute les accusations selon lesquelles il aurait, par cette réforme, voulu tracer une voie royale à son fils Karim pour lui succéder. « C’était stupide et insultant de penser que je voulais le proposer comme candidat à la vice-présidence », s’exclame le chef de l’État sénégalais.

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Il ne voit pas son fils comme son « successeur direct ». « Mais personne ne peut l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle après ma mort », poursuit-il. « La perspective qu’il devienne un jour président du Sénégal ne me déplaît pas. Mon fils a de grandes capacités. Personne dans l’opposition n’a la compétence économique et financière de Karim. »

"Mon départ créerait au Sénégal un chaos pire qu’en Côte d’Ivoire"

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« Prêt » pour la prochaine présidentielle à laquelle il a annoncé se représenter, il justifie sa proposition (refusée par l’opposition) d’avancer la date du scrutin, prévu en février 2012 : « C’est parce que l’opposition me demande de partir "maintenant" que je lui ai proposé une élection anticipée. ». Il écarte en revanche toute possibilité de se retirer, comme le demandent les manifestants : son « départ créerait au Sénégal un chaos pire qu’en Côte d’Ivoire ».

L’opposition prévoit de manifester une nouvelle fois contre la candidature du président Wade à sa propre succession, samedi, alors que le pouvoir a appelé ses partisans à un grand meeting. La situation pourrait bien dégénérer à nouveau à Dakar.

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