Le mollah Omar, mort ou vif ?
Le mollah Omar, maître de l’Afghanistan avant l’intervention de la coalition en 2001, est-il toujours en vie ? Les talibans ont annoncé mercredi matin la mort de leur chef suprême, avant de démentir l’information en affirmant que leurs téléphones avaient été piratés.
« Le commandement de l’Émirat islamique d’Afghanistan (nom du régime taliban en Afghanistan entre 1996 et 2001) annonce qu’Amir ul-Mumineen (le commandeur des croyants) est décédé. Que Dieu Tout-Puissant le bénisse. » Le texte du SMS envoyé par le téléphone de Zabihullah Mujahid, un porte-parole habituel des talibans, et reçu, entre autres, par l’AFP, est sans ambiguïté.
Seulement, ce même Zabihullah Mujahid, contacté aussitôt par l’agence de presse française, a catégoriquement nié l’information. « Nous ne sommes pas au courant d’une telle nouvelle », assure-t-il. Et d’expliquer : « Les Américains ont piraté nos téléphones cellulaires (…) et ont envoyé ce message aux médias. »
"Il est vivant"
Même son de cloche du côté d’un autre porte-parole des talibans, Qari Yousuf Ahmadi : « C’est un faux message. Les Occidentaux ont piraté nos téléphones et ont envoyé ce message depuis nos numéros à tout le monde. (…) C’est faux, il n’est pas mort, il est vivant. » Un démenti qui n’a pas surpris grand monde.
Car ce n’est pas la première fois que le mollah Omar est déclaré mort. Déjà, en mai dernier, la chaîne de télévision privée afghane Tolo TV avait annoncé qu’il avait été tué par des agents de l’Inter Service Intelligence (ISI, services secrets pakistanais). Et l’information avait été aussitôt démentie par les talibans. La Direction nationale de la Sécurité (NDS, renseignements afghans), avait finalement conclu que le mollah Omar avait disparu de sa cachette au Pakistan.
Guerre dans le cyberespace
De fait, le religieux s’est fait extrêmement discret depuis octobre 2001 et sa fuite en compagnie d’Oussama Ben Laden, qu’il avait refusé de livrer aux Américains. Il n’est plus apparu en public depuis la chute du régime mais Washington et Kaboul estiment qu’il est réfugié, avec une partie des chefs de la rébellion afghane, dans des villes du Pakistan, ce qu’Islamabad dément formellement.
Si l’information était confirmée, la coalition pourrait célébrer une nouvelle victoire, après la mort d’Oussama Ben Laden, début mai. Le leader politique des talibans figure en haut de la liste des terroristes les plus recherchés de la planète. Cependant, tout porte à croire que la nouvelle relève de l’invention et de la manipulation. Ainsi, Reuters parlait dès mercredi d’une véritable « guerre (…) entrée dans le cyberespace. » Alors, info ou intox ? Affaire à suivre.
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