Malawi : gouvernement et opposition en chiens de faïence après des émeutes meurtrières
La situation s’envenime au Malawi, où l’armée a été déployée. Après des émeutes antigouvernementales qui ont fait 18 morts, le président Bingu wa Mutharika a déclaré qu’il ne quitterait pas le pouvoir.
« Je continuerai à gouverner le pays(…). Comme la Constitution le prévoit, l’autorité pour diriger le gouvernement est entre mes mains, et entre celles de personne d’autre » a mis en garde le président du Malawi, Bingu wa Mutharika, lors d’une allocution à la radio.
Les propos du chef de l’État sont intervenus alors que de nouveaux rassemblements avaient lieu, jeudi, à Lilongwe et Blantyre, respectivement capitales administrative et économique du pays où les magasins sont restés fermés et où la tension était palpable toute la journée.
Pénurie
L’opposition politique voulait protester mercredi contre l’autoritarisme et la mauvaise gouvernance économique du président Mutharika. Mais les manifestations ont dégénéré en scènes de pillages et en affrontements avec les forces de l’ordre, obligeant l’armée à se déployer jeudi.
À l’origine de la contestation, une pénurie de carburant qui sévit depuis que le gouvernement a pioché dans les réserves de change pour payer des importations. Mais pour le président, cela « ne peut pas être considéré comme le signe d’une mauvaise gouvernance ou d’un échec de l’État (…). Le Malawi est bien gouverné.»
L’homme fort de ce petit pays d’Afrique australe, loué pour ses succès dans la lutte contre la pauvreté, a appelé au dialogue. « Je suis prêt à rencontrer l’opposition et la société civile. Si vous avez des questions, parlons. Mais vous ne devriez pas laisser les gens piller et saccager les magasins. Ce sera néfaste pour notre développement », a lancé le président à l’adresse de son opposition.
Appels au calme
Jeudi, le ministère de la Santé a publié un bilan des émeutes : 18 morts en tout, dont six à Lilongwe, deux à Blantyre, neuf à Mzuzu, et un autre à Karonga, à la frontière avec la Tanzanie. Les statistiques officielles font également état de 22 blessés.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a déploré cette flambée de violence. « Il est attristé par les pertes en vies humaines et réitère son appel pour que tous les antagonismes soient résolus par des moyens pacifiques », a déclaré son porte-parole Martin Nesirky.
De son côté, le département d’État américain a condamné les violences et a lancé un appel au calme, avant d’avertir Bingu wa Mutharika que les actions de son gouvernement minaient la démocratie.
"Arrogance"
Près de 40% des recettes budgétaires du Malawi, un des pays les plus pauvres du monde, proviennent de l’aide internationale. L’opposition accuse le président de faire fuir cette aide en raison de son « arrogance » et de sa mauvaise gestion du pays.
Le dernier incident en date remonte à la semaine dernière, lorsque la Grande-Bretagne a annoncé le gel de son aide budgétaire (21,7 millions d’euros en 2010), accusant le gouvernement malawite de réprimer les manifestations, d’intimider les organisations de la société civile et de légiférer pour bâillonner l’opposition.
Le président, âgé de 77 ans et qui dirige le pays depuis 2004, a été réélu en 2009 pour un second quinquennat. Il est cependant de plus en plus critiqué pour son caractère autoritaire. L’opposition va même jusqu’à l’accuser de se transformer en « dictateur ».
(Avec AFP)
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