Cameroun : « NoBakchich », la lutte anticorruption 2.0

Comment effectuer une démarche administrative sans débourser des francs CFA superflus et sans attendre des semaines ? Pour tenter de résoudre cette douloureuse question, un ingénieur informaticien camerounais a mis au point « NoBakchich », une application pour smartphone doublée d’un site internet. Objectif : mieux informer pour éviter les abus et la corruption rampante.

Le « gombo » sous sa forme liquide, en grosses coupures. © D.R.

Le « gombo » sous sa forme liquide, en grosses coupures. © D.R.

Publié le 21 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

C’est encore une version de test, mais le logiciel devrait être disponible dans le courant du mois d’août. « NoBakchich » est une application pour téléphone mobile tournant sous Android. Lancée le 5 juillet par Hervé Djia, informaticien et développeur de 24 ans, elle a pour but de permettre aux Camerounais d’entreprendre des démarches administratives en toute sérénité, sans avoir à payer de dessous de tables et, surtout, en s’adressant à des fonctionnaires honnêtes et compétents.

Une vingtaine de personnes à Yaoundé et Douala expérimentent déjà le nouveau produit. « Ces sont des personnes qui ont l’habitude des services administratifs et qui ont tout le temps besoin de légaliser certains documents, explique le concepteur. Elles nous conseillent au fur et à mesure sur ce qu’il faut améliorer ou ajouter ».

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Collabore au projet l’ONG « Un monde à venir », spécialisée dans la lutte anticorruption. Pour l’instant, Hervé Djia ne s’est pas rapproché des différentes administrations, car il espère auparavant affiner son produit. La pari est audacieux. De l’établissement d’un acte de naissance à la constitution des papiers d’un véhicule, l’application tente d’englober tous les secteurs administratifs.

La patience, prix de la vertu

Le succès de l’initiative devrait rapidement être au rendez-vous, tant la corruption est un fléau quotidien. Au Cameroun par exemple, pour se faire établir un casier judiciaire, on débourse souvent près de 3 000 F CFA (soit environ 4,5 euros) auprès d’un intermédiaire – soit plus du double du tarif normal. Avantage du bakchich : l’obtention du document recherché en temps et en heure. Car la vertu se paie au prix fort : celui d’une attente moyenne d’une semaine pour ce qui, en temps normal, ne prendrait pas plus d’une journée.

Hervé Djia a compris que la corruption se nourrissait d’un manque de connaissance des tarifs officiels. Or le moyen le plus efficace pour faire circuler l’information est bien le téléphone. Seul problème : le smartphone avec le logiciel d’exploitation Android n’est pas à la portée de toutes les bourses. Pour ne pas retarder le lancement officiel de « No Bakchich » en août, l’informaticien a donc décidé de développer en parallèle un site web du même nom. Car si la plupart des Camerounais n’ont pas accès à internet avec leur téléphone, ils fréquentent en revanche beaucoup les cyber cafés.

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L’informaticien reste cependant confiant quant au lancement de son application mobile. « Le téléphone Android va bientôt arriver en masse en Afrique à des prix plus abordables », confie t-il. Une bien mauvaise nouvelle pour les amateurs de « gombo », « tchoko » et autres pots de vin…

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