Guinée : la résidence d’Alpha Condé attaquée, le général Nouhou Thiam arrêté
La résidence du président guinéen a été attaquée à l’arme lourde dans la nuit de lundi à mardi, faisant un mort et deux blessés. Tandis qu’Alpha Condé s’est exprimé à la radio-télévision publique pour appeler au calme, l’ex-chef d’état-major de l’armée guinéenne, le général Nouhou Thiam, a été arrêté.
Mis à jour le 19 juillet à 16h33
La résidence du chef de l’État guinéen Alpha Condé à Conakry a été attaquée à l’arme lourde dans la nuit de lundi à mardi, faisant un mort et deux blessés parmi les soldats de la garde présidentielle qui défendaient le bâtiment, selon un bilan du gouvernement guinéen.
« Le président était là, mais il est sain et sauf », a indiqué une source de la présidence à l’agence britannique. Alpha Condé a lui-même confirmé l’attaque de sa résidence dans une allocution à la radio-télévision publique RTG.
Le général Nouhou Thiam arrêté
« Ma maison a été attaquée cette nuit, mais je dois féliciter la garde présidentielle qui s’est battue héroïquement de 3h10 (heure locale et GMT) jusqu’à 5h du matin avant d’avoir du renfort », a-t-il affirmé.
« Je vous appelle au calme, mais (aussi) à la vigilance et à l’unité nationale », a encore déclaré Alpha Condé. « Je ne veux pas de réaction populaire, ni de réaction contre qui que ce soit, laissez l’armée et les forces de l’ordre faire leur travail. »
« Je vous appelle au calme », a répété le président guinéen, ajoutant : « nos ennemis peuvent tout tenter, mais ils ne pourront pas empêcher la marche du peuple guinéen vers la démocratie. […] La voie de la démocratie a commencé et cela va continuer, je vous ai promis le changement et, si Dieu le veut, nous aurons ce changement. »
L’identité et les motivations des assaillants sont encore inconnues. Mais le général Nouhou Thiam, ancien chef d’état-major de l’armée guinéenne qui avait été limogé par Alpha Condé peu après son arrivée au pouvoir, a été arrêté. « Ils sont venus chercher mon mari à 10h (heure locale et GMT) et depuis il est à la gendarmerie de Conakry », a déclaré son épouse.
Cellou Dalein Diallo "déplore"
L’attaque a provoqué des « dégâts substantiels » à la résidence selon Reuters : le portail aurait été soufflé par un tir de roquette et le bâtiment serait criblé de balles. D’autres témoins ont fait état de « tirs d’artillerie ». D’après des habitants interrogés par l’AFP, les tirs provenaient de militaires. Mardi matin, les accès au quartier administratif de Kaloum, au centre de Conakry, étaient par ailleurs fermés à la circulation.
Joint par l’agence britannique Reuters, le principal opposant d’Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, a déploré l’attaque et s’est inquiété de la stabilité du pays. « Si la violence persiste, cela n’aidera pas à consolider les progrès faits en direction de la démocratie ici », a-t-il déclaré.
« Nous condamnons fermement l’attaque qui a eu lieu dans la nuit contre la résidence du président de la République de Guinée, Alpha Condé », a pour sa part réagi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero. « La Guinée doit poursuivre dans la voie pacifique et démocratique qu’elle a choisie lors des dernières élections présidentielles. Dans ce cadre, les forces armées, comme les autres composantes de la nation, ont un rôle important à jouer, au service de la démocratie », a-t-il poursuivi.
Désorganisation de l’armée
Alpha Condé est le premier président démocratiquement élu de la Guinée, un pays marqué par les coups d’État et qui sort d’une période de transition dirigée par l’armée. Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui avait pris le pouvoir après la mort de Lansana Conté en décembre 2008, en avait été écarté par les armes un an plus tard, après une tentative d’assassinat perpétrée par son aide de camp « Toumba » Diakité.
L’extrême désorganisation de l’armée guinéenne est l’un des chantiers prioritaires d’Alpha Condé. Le 1er juillet, un de ses hauts gradés, le colonel Moussa Keïta (un proche de Moussa Dadis Camara) avait été arrêté, peu après avoir accusé le général Sékouba Konaté (sucesseur par intérim de Dadis Camara) de détournement de fonds.
Dans une interview accordée à Jeune Afrique en mai dernier, Alpha Condé s’était pourtant dit « fier de l’armée guinéenne ». « Elle ne sort plus dans les rues, elle a accepté que toutes ses armes lourdes soient délocalisées à l’intérieur du pays, on ne la voit plus déambuler dans les bars en tenue ni tenir des barrages dans la capitale », avait assuré le président.
(Avec agences)
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