Algérie : deux condamnés dans le procès Matoub, le doute persiste

Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui ont été condamnés lundi à 12 ans de prison pour l’assassinat du chanteur Lounès Matoub. La défense et la famille de la victime dénoncent un procès expéditif, qui ne juge pas les vrais commanditaires du meurtre de cet artiste fermement opposé à l’islamisme.

Un portrait du chanteur kabyle Lounès Matoub est affiché le 20 avril 2006 à Tizi Ouzou. © AFP

Un portrait du chanteur kabyle Lounès Matoub est affiché le 20 avril 2006 à Tizi Ouzou. © AFP

Publié le 19 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

La condamnation de deux hommes, lundi, à Tizi Ouzou, à douze ans de prison pour l’assassinat du chanteur Lounès Matoub n’a pas apaisé les esprits. Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui ont été reconnu coupables de « participation et complicité » dans le meurtre de cet artiste engagé contre l’islamisme, exécuté à Tala Bouinane (à 5 km de Tizi Ouzou) le 25 juin 1998, à l’âge de 42 ans.

Mais la famille de la victime, comme plusieurs membres de la Fondation Matoub Lounès, n’a eu de cesse de dénoncer ce procès trop rapide, affirmant qu’il ne jugeait pas les vrais coupables.

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Un groupe de dix personnes, dont huit ont été tuées ou sont toujours en fuite, était accusé d’avoir tué ce symbole de la culture kabyle.

« Libérez Madjnoun et Chenoui, ramenez les vrais commanditaires », ont scandé les proches de la victime lundi, interrompant à plusieurs reprises l’audience, qui n’aura duré que trois heures, plaidoiries comprises.

La veuve de Lounès Matoub, Nadia Matoub, est convaincue que l’attentat qui coûta la vie à son époux était le fait d’islamistes.

La sœur de la victime, Malika Matoub, partie civile dans le procès, a déclaré quant à elle n’écarter « aucune thèse quant aux commanditaires », mais reste persuadée, tout comme la mère du chanteur, que la condamnation de ces deux hommes n’a pour objectif que de cacher la vérité.

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Malika Matoub avait demandé la convocation de 75 témoins, parmi lesquels l’actuelle ministre de la Culture, Khalida Toumi, et Saïd Sadi, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, parti d’opposition). Malika Matoub souhaitait également que soit présent au procès Hassan Hattab, ex-chef du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a revendiqué l’assassinat en mai 1999. Après s’être rendu en octobre 2007 aux autorités, il avait été placé, en tant que repenti, en « lieu sûr ».

Les deux condamnés ont aujourd’hui presque purgé leur peine, les douze ans d’incarcération requis correspondant, à quelques mois près, au temps qu’ils ont passé derrière les barreaux depuis leur arrestation.

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Ils auront échappé à la peine capitale, requise par le procureur.

Les avocats de Malik Madjnoun et d’Abdelhakim Chenoui, qui avaient plaidé l’acquittement, se sont dit déçus du verdict. « Le dossier étant vide, c’est un procès expéditif qui correspond à une fuite en avant », a fustigé l’avocat d’Abdelhakim Chenoui, Me Amine Sidhoum.

Tout comme la famille de la victime, la défense avait demandé que soient identifiés et traduits en justice les vrais commanditaires, assurant que leurs clients ne se trouvaient pas sur les lieux du crime au moment des faits.

Le procès avait déjà été reporté à trois reprises, en 2000, 2001 et 2008, à la demande de la famille du chanteur, afin de permettre un complément d’enquête et une reconstitution du crime.

(Avec AFP)

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