Égypte : nouveau gouvernement, nouveau départ ?
Initiallement prévu pour lundi, le remaniement ministériel du gouvernement égyptien est reporté à mardi. En attendant de présenter son équipe remaniée, le Premier ministre Essam Charaf a fait connaître dimanche les noms de quelques-uns des nouveaux membres de son gouvernement.
Mis à jour à 16h30
Nouvelle étape du vaste remaniement promis aux manifestants de la place Al-Tahrir, Charaf a désigné dimanche un nouveau ministre des Affaires étrangères.
Mohammed Kamel Amr vient ainsi remplacer Mohammed al-Orabi. Le nouveau chef de la diplomatie égyptienne a indiqué que sa priorité serait le rôle de son pays dans la région. « L’Égypte est au cœur du monde arabe. Ce qui se passe en Égypte aura des répercussions (dans les autres pays). Si l’Égypte avance, le monde arabe avance », a indiqué cet ancien ambassadeur en Arabie saoudite.
Le Premier ministre a choisi deux adjoints à la tête du gouvernement : un économiste expérimenté, Hazem el-Beblawi, qui occupera également le poste de ministre des Finances, et Ali al-Silmi, membre influent du parti libéral d’opposition, le Wafd. Ce dernier sera chargé des questions liées à la transition démocratique.
Vers un changement en profondeur ?
Initiallement prévu pour lundi, le remaniement ministériel a finalement été reporté à mardi. En tout, une vingtaine de ministres, soit les quatre cinquièmes de l’actuel gouvernement, devraient être remplacés. Mais les portefeuilles de l’Intérieur, de la Culture, de la Justice, de l’Éducation et du Tourisme devraient rester aux mains de leurs titulaires actuels.
Parmi les membres du gouvernement démissionnaires figurent notamment le Premier ministre adjoint, Yehia el-Gamal, jugé trop proche du régime de Moubarak, ou encore l’ancien ministre des Finances, Samir Radwan, décrédibilisé par sa proposition de budget qui avait été entièrement revue par l’armée. Le très médiatique mais controversé secrétaire d’État aux Antiquités, Zahi Hawass, est lui aussi donné partant.
L’actuel ministre de l’Intérieur, Mansour al-Essawy, dont la foule exige le départ, a été conservé sur demande du Conseil suprême des forces armées. Celui qui avait d’abord refusé la mise au ban des officiers de police suspectés d’avoir commis des violences à l’encontre des manifestants a licencié près de 700 hauts fonctionnaires de son ministère et des appareils de sécurité.
Ce remaniement vise à répondre aux attentes des manifestants qui campent à nouveau depuis une dizaine de jours sur la place Al-Tahrir, au Caire, et qui réclament l’accélération des réformes démocratiques et sociales et la mise à l’écart de personnalités jugées proche de l’ancien pouvoir. Pourtant, la recomposition de l’équipe gouvernementale choisie par Essam Charaf a été jugée insuffisante par les contestataires.
La place demande également le jugement des dignitaires du régime Moubarak et des policiers responsables de la répression des manifestations de janvier, qui a fait officiellement près de 850 morts.
De son côté, le Conseil suprême des forces armées, de plus en plus critiqué à cause de la manière dont il dirige le pays, a promis de limiter le recours aux tribunaux militaires pour juger des civils, un des principaux griefs des manifestants.
Les Égyptiens attendent de voir si ce nouveau gouvernement aura les prérogatives nécessaires à la mise en place de véritables réformes. Car face à un Conseil suprême tout-puissant, jugé peu enclin au dialogue, la marge de manœuvre de l’équipe ministérielle semble plus que limitée.
(Avec AFP)
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