Quel sera le prochain État africain indépendant ?
Le 9 juillet, le Sud-Soudan accédait à l’indépendance et devenait le 193ème État indépendant de la planète. Sa sécession pourrait faire jurisprudence. Quel pourrait-être son successeur ? L’Afrique a ses prétendants.
La Casamance. C’est l’un des conflits indépendantistes les plus actuels du continent. Initié en 1982, le combat pour l’émancipation de la Casamance a résisté à deux « cessez-le-feu », le dernier signé le 30 décembre 2004, et à la mort de son leader historique, l’abbé Diamacoune Senghor, le 17 janvier 2007 à Paris. Les combats entre le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC) et l’armée régulière sénégalaise continuent de meurtrir cette région du Sud du Sénégal, isolée par la République de Gambie au nord.
Des centaines de personnes sont décédées et des militaires sont régulièrement abattus dans des embuscades, comme récemment en janvier 2011. Si,depuis, Jean-François Marie Biagui, a accepté l’offre de médiation de l’archevêque de Dakar, Théodore Adrien Sarr, les revendications risquent de perdurer. En décembre 2009, l’un des principaux responsables du mouvement déclarait ainsi : « Nous ne sommes pas des rebelles, nous sommes des indépendantistes. Le rebelle est celui qui veut prendre le pouvoir de Wade. Nous n’en voulons pas. Ce que nous voulons, c’est notre indépendance. »
Le Katanga. La revendication indépendantiste du Katanga est quant à elle toujours sous-jacente en République Démocratique du Congo. D’autant que la province a brièvement accédé à l’indépendance de 1960 à 1963, sous la présidence de Moïse Tshombe, soutenu par les milieux d’affaires pro-occidentaux. L’enjeu à l’époque : éviter que les immenses ressources minières de la région ne tombent aux mains de Patrice Lumumba, premier Premier ministre de l’indépendance congolaise, qui menaçait de nationaliser les entreprises exploitantes, notamment l’Union minière du Haut Katanga (UMHK), groupe industriel belge.
Progressivement lâché par les ex-puissances coloniales, sous la pression des États-Unis et de l’URSS anticolonialistes, l’État du Katanga s’effondre en 1963 après l’intervention conjointe des forces armées congolaises et des Nations Unies, chargé de rétablir la paix dans la région dès 1961. Cependant les revendications d’indépendance ne semblent pas avoir disparu. Lundi 11 juillet, une attaque aurait eu lieu contre un camp de l’armée congolaise près de Lubumbashi. Or, certaines sources imputent cette action aux rebelles du groupe « Coordination pour le référendum de l’autodétermination du Katanga ». Le groupe armé aurait écrit, dix jours plus tôt, une lettre dans laquelle il réclamait le départ « des occupants du régime congolais ».
Le Cabinda. L’État du Cabinda s’est déclaré, unilatéralement, indépendant le 4 février 2011. Ancien « Congo portugais », ce territoire est officiellement rattaché à l’Angola, alors que la République Démocratique du Congo a des vues sur une partie de son territoire. Après l’incorporation du Cabinda à l’Angola par le Portugal colonial en 1956, les indépendantistes se regroupent au sein du Front de libération de l’enclave du Cabinda (Flec), fondé en 1961. Hélas, l’Angola, indépendant en 1975 avec le soutien de l’URSS, annexe la région, aidé par le Zaïre, le Congo ou l’Ouganda. Depuis, celle-ci n’est pas sortie de l’instabilité.
Dernier événement en date, qui avait marqué les esprits : l’attaque du bus de l’équipe de football du Togo lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations, se déroulant en Angola et donc, en partie, au Cabinda. Les revendications indépendantistes cabindaises avaient alors fait deux morts et huit blessés.
Le Sahara Occidental. Le Sahara Occidental a un statut de territoire non autonome à l’ONU. Revendiqué par le Maroc, depuis son indépendance en 1956 et par le Front Polisario qui a proclamé l’indépendance de la République Arabe Saharaouie Démocratique en 1976, au départ des anciens colons espagnols, le territoire est toujours au centre d’un intense combat diplomatique entre le Maroc et l’Algérie, qui soutiendrait en sous-main les indépendantistes.
Après un « cessez-le-feu » de l’ONU en 1991, la région a été accordée à 80% au Maroc, tandis que 20% sont administrés par le Polisario. Cette portion congrue étant soigneusement encadrée par le « mur marocain », long de près de 3 000 kilomètres et défendu par environ 100 000 hommes. Rabat propose aujourd’hui une large autonomie du Sahara occidental avec un gouvernement et un parlement locaux, mais sous la souveraineté de la royauté marocaine. Réponse du leader du Polisario : le statut juridique définitif « ne peut être déterminé que par le peuple sahraoui dans un référendum libre, juste et équitable sur l’autodétermination organisé sous la supervision des Nations Unies ».
Le Somaliland. En juillet 2010, le Somaliland, territoire situé au nord de la Somalie dont il a fait sécession en 1991, réussit avec brio sa période d’élections en portant au pouvoir Ahmed Mohamed Silanyo. Dans l’indifférence quasi-générale. Sept ans plus tôt, le pays avait également tenu les premières élections multipartites de son histoire. Sans parler de tradition démocratique ancrée, les rares observateurs internationaux n’ont pas manqué de saluer ces événements.
Fort d’un système mêlant élections démocratiques et traditions claniques, le Somaliland se distingue par une stabilité remarquable pour la région. Il devient même un interlocuteur important, notamment pour la France, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme des Shebab à la frontière somalienne et contre la piraterie du Puntland. Le groupe Bolloré a même décidé d’investir entre 500 et 700 millions d’euros dans le développement et la gestion du port de Berbera, principal plateforme du pays. Intégré politiquement, candidat au développement économique via des fonds étrangers, le Somaliland est donc l’un des candidats les plus sérieux à l’indépendance, qu’il exerce déjà au jour le jour.
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