Côte d’Ivoire : le cours d’Uniwax s’envole à la BRVM

Coté à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan, le producteur de textile Uniwax voit son cours s’envoler. Est-ce le résultat du rachat de Vlisco, sa maison mère, par le capital-investisseur Actis ?

Pour satisfaire une demande croissante, l’usine d’Uniwax à Abidjan sera agrandie. © Olivier/JA

Pour satisfaire une demande croissante, l’usine d’Uniwax à Abidjan sera agrandie. © Olivier/JA

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© Vincent Fournier pour JA

Publié le 2 août 2013 Lecture : 3 minutes.

Une hausse de 270 % depuis le début de l’année ! À la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), à Abidjan, Uniwax est la star du moment. La filiale ivoirienne de Vlisco, groupe néerlandais de textile, a vu le cours de son action s’envoler durant les six derniers mois. De 6 000 F CFA (9,15 euros) début janvier, le titre a atteint son plus haut niveau à la mi-juin (29 900 F CFA), avant d’amorcer une légère baisse pour s’établir autour de 22 000 F CFA.

La raison de cette envolée ? « Pour la première fois depuis 2003, l’entreprise a distribué des dividendes », souligne François Adjitin, analyste financier chez le courtier Hudson & Cie. Après avoir essuyé une perte de 1,2 million d’euros en 2011, la société a profité du retour des bénéfices (2,1 millions d’euros en 2012) pour reverser 1,1 million d’euros à ses actionnaires. Depuis, la demande du titre ne cesse d’augmenter. « En moyenne, il s’est échangé 20 actions Uniwax par jour à la BRVM au cours des derniers mois », note François Adjitin. Un très bon score pour un titre jusqu’ici peu liquide, même s’il reste modeste comparé à la quarantaine de transactions quotidiennes réalisées par l’opérateur télécoms Sonatel.

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Classe moyenne

Si Uniwax est devenu si attractif, c’est également grâce à ses bonnes perspectives de croissance, dues principalement à l’émergence d’une classe moyenne en Côte d’Ivoire, son principal marché. « Et quand la Côte d’Ivoire va bien, Uniwax aussi ! » s’amuse Murray Grant, associé chez le capital-investisseur Actis, actionnaire majoritaire de Vlisco depuis bientôt trois ans. Marquée par la crise postélectorale ivoirienne et ses suites, l’année 2011 a été difficile. Deux ans plus tard, l’entreprise est de nouveau sur de bons rails.

Uniwax mise désormais sur plusieurs tableaux pour se développer. Son usine, située à Abidjan, devrait bientôt être agrandie, moyennant un investissement de plusieurs millions d’euros. Objectif : satisfaire la demande croissante pour la marque Uniwax, fabriquée localement (GTP est produit au Ghana, Vlisco aux Pays-Bas et Woodin dans différents sites). Pour maîtriser les coûts de production face à la concurrence chinoise, le management d’Uniwax travaille également à l’optimisation de l’usine. Un partenariat est ainsi en négociation avec Petroci, distributeur ivoirien de produits pétroliers, pour assurer l’approvisionnement en gaz et réduire de moitié la facture énergétique.

Hors de question d’aller fabriquer ailleurs. « Il est clair qu’il y a des usines moins coûteuses à travers le monde, mais le fait que le client sache qu’en achetant Uniwax il achète ivoirien fait partie de la magie du produit », souligne Murray Grant, qui rappelle que l’une des volontés d’Actis est de concentrer Vlisco et ses filiales sur la vente plus que sur la production. L’entreprise possède ainsi une boutique très chic installée dans un centre commercial d’Abidjan. D’autres seront ouvertes dans la capitale économique, mais aussi, pourquoi pas, dans d’autres grandes villes francophones d’Afrique de l’Ouest. « Tout dépend de l’ouverture de centres commerciaux où nous pourrions implanter nos boutiques », poursuit Murray Grant.

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Marketing

Depuis son rachat pour 118 millions d’euros par Actis, Vlisco s’est aussi appliqué à rendre claires, lisibles et bien distinctes les différentes marques. « Actis a renforcé la qualité des produits Uniwax pour lutter contre la contrefaçon, puis a misé sur le marketing et la communication pour séduire la classe moyenne », explique François Adjitin. Fort d’une certaine expertise dans la gestion des sociétés spécialisées dans la grande consommation en Asie et en Amérique latine, le capital-investisseur a fait appel à un spécialiste du prêt-à-porter pour diriger le groupe : Hans Ouwendijk, un ancien de Mexx et de Laura Ashley. Et le résultat se fait déjà sentir. « Les pagnes en wax connaissent un franc succès aux États-Unis, où ils sont portés par des personnalités comme Michelle Obama ou Beyoncé. Cela a créé un effet de mode et dopé les ventes », souligne Cheikh Yakhoub Niang, responsable de la recherche chez l’intermédiaire boursier Impaxis Securities, à Dakar.

Uniwax est donc bien positionné pour sortir davantage encore de ses frontières et se vendre de plus en plus dans la sous-région. La récente levée des restrictions sur les importations textiles au Nigeria, l’un des plus grands marchés d’Afrique subsaharienne (165 millions d’habitants), pourrait lui offrir de belles opportunités. Une belle revanche pour l’entreprise, dont les marchés ivoirien, guinéen ou aujourd’hui malien ont tour à tour été affectés par des crises sociopolitiques. Sans parler du fléau de la contrefaçon venue notamment d’Asie, qui a failli tuer Uniwax il n’y a pas si longtemps. Son chiffre d’affaires avait ainsi chuté de moitié entre 2003 et 2007. Mais cela n’est plus qu’un mauvais souvenir.

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