Air Algérie : le conflit s’enlise
La grève de la compagnie Air Algérie se poursuit. Le dialogue est au point mort, tandis que des milliers d’usagers restent coincés en France et dans les 32 aéroports du pays.
En ce quatrième jour de grève des hôtesses, stewards et chefs de cabines de la compagnie Air Algérie, le brouillard est toujours aussi épais – et les esprits aussi chauds que l’air sur le tarmac de l’aéroport d’Alger. Mardi 12 juillet et mercredi 13 juillet, des incidents ont éclaté dans les aéroports du pays et le dialogue entre la direction et les grévistes, qui réclament un doublement de leurs salaires, semble au point mort.
Tandis qu’en France, des milliers d’Algériens se retrouvent coincés à Paris, Marseille ou Lyon, les 32 aéroports algériens sont, eux, quasiment paralysés. Environ 30% seulement des vols sont assurés.
Pour contrer les difficultés, Air Algérie a donné la priorité aux vols internationaux, plutôt qu’aux vols domestiques, qui peuvent être plus facilement remplacés par un déplacement par la route. La compagnie a fait appel à ses concurrents pour recaser ses clients, ainsi qu’à l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs.
Dans les locaux de l’aéroport Houari Boumédiène d’Alger, le directeur des opérations au sol, Toubal Séghir Réda, évalue la prise en charge de l’hébergement des passagers en attente « à 50 et 60%, au maximum des capacités hôtelières », soit « presque 2000 personnes par jour ». Ce qui n’empêche pas l’ambiance dans les terminaux d’Alger, Oran ou Constantine d’être de plus en plus tendue. « Les billets fermés sont à présents échangeables ou remboursables. Des indemnisations supplémentaires seront peut-être étudiées au cas par cas », a ajouté Toubal Séghir Réda.
Un mois de conflit
Le 15 juin, les personnels navigants commerciaux (PNC) de l’entreprise nationale avaient déjà effectué une grève d’une journée qui avait abouti à un accord sur une hausse de leurs salaires et une revalorisation de leurs statuts. Mais l’arrivée d’un nouveau PDG, Mohamed Salah Boultif, le 19 juin, semble avoir interrompu le dialogue. La grève a donc repris le 11 juillet, après trois semaines infructueuses de prise de contacts. La direction n’a en effet consenti qu’à une hausse de 20% des salaires pour l’ensemble des employés de la compagnie – ce qui a été rejeté par les grévistes. Elle s’est également engagée à ouvrir le chantier de l’adaptation des rémunérations aux normes internationales et à répondre aux revendications progressivement, après un retour au travail.
Mais le conflit s’est radicalisé à l’annonce, le 13 juillet, du licenciement de travailleurs grévistes et de mises en demeure ordonnant aux autres de reprendre le travail. Les PNC grévistes, dont le nombre précis n’est pas communiqué par la compagnie, sont inaccessibles aux journalistes à Alger. Ils sont reclus dans une zone contrôlée qu’ils craignent de quitter au risque de ne plus être autorisés à reprendre un jour leur poste.
Des passagers furieux
Les conséquences sont évidemment lourdes pour les milliers d’Algériens qui voyagent en cette période de vacances scolaires de part et d’autre de la Méditerranée. Le moment pouvait difficilement être plus mal (ou mieux) choisi… Les passagers se plaignent surtout de la mauvaise gestion de la crise par la compagnie.
Tandis que le coût financier est lourd pour cette dernière (180 millions de dinars de manque à gagner par jour, sans compter les frais d’hébergement et le rachat de billets aux autres compagnies), tant que dure la grève, c’est également son image qui s’écorne chaque jour un peu plus.
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Constance Desloire, envoyée spéciale
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