Tchad – Sénégal : Hissène Habré se dit victime d’un « complot » mené par la France et la Libye

L’ancien président tchadien Hissène Habré, qui réside toujours au Sénégal, s’est dit « d’accord » pour se présenter devant « une justice internationale indépendante » si d’autres responsables tchadiens comparaissent également. Il affirme que l’expulsion du Tchad à laquelle il vient d’échapper est un complot ourdi par la France et la Libye.

Hissène Habré se dit victime d’un complot visant à l’éliminer. © AFP

Hissène Habré se dit victime d’un complot visant à l’éliminer. © AFP

Publié le 14 juillet 2011 Lecture : 2 minutes.

Après avoir échappé de justesse à une expulsion vers le Tchad, le pays qu’il a dirigé pendant 8 ans, Hissène Habré sort du silence et s’exprime dans une interview à l’hebdomadaire sénégalais La Gazette, publiée jeudi.

Théorie du complot

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D’après lui, l’expulsion vers le Tchad dont il a failli être victime (le Sénégal, où il réside, avait annoncé la semaine dernière qu’il serait transféré avant de se raviser quelques jours plus tard) est un « complot visant [son] élimination physique ». Selon lui, la France et la Libye (deux pays pourtant en guerre depuis 4 mois) l’auraient organisé.

Kadhafi chercherait « coûte que coûte à se venger […] parce qu’il a perdu dans sa politique d’annexion et d’hégémonie » sur le Tchad. Il estime par ailleurs que la France est « pleinement » impliquée dans cette affaire car « les colonialistes et les néo-colonialistes ont la haine tenace ».

Au milieu de ses accusations, Hissène Habré semble toutefois faire quelques concessions. Il se dit ainsi « totalement consentant […] totalement d’accord [pour] qu’on organise une justice internationale indépendante, selon les normes du droit et que tous les Tchadiens à qui on reproche quelque chose viennent se présenter devant cette juridiction. Y compris Hissène Habré, y compris les anciens présidents du Tchad ».

Mais la mesure d’expulsion à laquelle il a échappé consiste à « choisir un homme sur des bases tout à fait politiques, pour des intérêts économiques et financiers, chercher à l’éliminer et utiliser une couverture juridique », ce qui « n’est pas sérieux ».

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« Sous mon régime, il y a eu des bavures »

Sur le fond de ce qui lui est reproché, l’ancien président affirme que « dans le volumineux dossier constitué » contre lui en Belgique (qui souhaite obtenir son extradition pour le juger), « vous ne trouverez nulle part quelqu’un dire que Hissène Habré l’a torturé », même si concède-t-il : « Je ne nie pas que sous mon régime, il y a eu des choses ou ce qu’on appelle des bavures ».

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Mais il n’est pas le seul, affirme-t-il. Lors de l’intervention de la Libye et de la France au Tchad, « des Libyens ont massacré des milliers de Tchadiens, ont déporté de jeunes tchadiens chez eux, les ont réduits en esclaves […] Les Français eux-mêmes ont tué, violé, massacré, empoisonné des puits, bombardé notre bétail et tué des Tchadiens par centaines ». « Pourquoi ne doivent-ils pas répondre de leurs crimes devant la justice? », s’interroge Hissène Habré.
« Au Tchad, il y eu onze tendances politico-militaires à qui on ne reproche rien », dit-il. « A l’époque de (François) Tombalbaye (premier président du Tchad de 1960 à 1975), tout s’est passé au Tchad ». Quand à l’actuel président tchadien, Idriss Déby Itno (dont il fut proche), il « règne par la terreur » à N’Djamena. (avec AFP)
 

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