DSK : la communauté noire réclame un procès
À New York, l’audience du procès de Dominique Strauss-Kahn a été reportée au 1er août, et la mobilisation afro-américaine ne faiblit pas. Un sénateur démocrate de Harlem, Bill Perkins, vient grossir les rangs de soutien à Nafissatou Diallo. Tous exigent la tenue d’un procès.
La communauté afro-américaine donne de la voix à New York. Depuis la libération sur parole de Dominique Strauss-Kahn le 1er juillet, les esprits s’échauffent et les associations de défense des Noirs montent au créneau. Mais c’est surtout l’entrée en scène du sénateur démocrate Bill Perkins la semaine dernière qui amplifie cette mobilisation – désormais teintée de politique – en faveur de Nafissatou Diallo. Figure centrale de la communauté noire de Harlem, il a tenu dimanche une conférence de presse pour réclamer au procureur en charge de l’affaire, Cyrus Vance, la poursuite de l’enquête contre l’ex directeur du FMI.
Une mobilisation sur tous les fronts
Le 6 juillet, lors de la réunion entre l’équipe du procureur et les avocats de DSK, quatre représentants d’une association de policiers noirs américains étaient venus manifester devant le tribunal de Manhattan contre la coloration « raciste anti-noire et anti-femme » que prenait l’affaire, selon eux. Dimanche, lors de la conférence de presse de Perkins, Souleimane Konate, imam de la grande mosquée de Harlem, le révérend Curtis de l’église baptiste et un représentant de la communauté guinéenne étaient présents à ses côtés.
Des représentants musulmans, des défenseurs des droits des femmes, des proches des Black Panthers, ils sont désormais nombreux à faire bloc derrière le très emblématique sénateur, inquiets d’un possible abandon des poursuites.
Tous exigent que la victime ait droit à un procès
« Nous demandons à ce que justice soit faite », a déclaré Togba R. Porte, l’un des dirigeants de l’organisation United African Congress, qui estime qu’un abandon des charges constituerait une grave erreur judiciaire. « La victime présumée de M. Strauss-Kahn doit être entendue par un tribunal, pas derrière des portes closes », a-t-il ajouté.
« Tout ce qu’on demande, c’est qu’elle puisse obtenir un procès », a insisté Lisa Jenkins, membre de la Blessed trinity baptist church, une église de Harlem. Pour elle, les hommes de pouvoir l’emportent toujours beaucoup trop facilement contre des personnes de condition modeste.
Un argument qui a poussé, jeudi, d’autres représentants de la communauté noire de New York à demander la destitution du procureur Vance au profit d’un procureur spécial. L’avocat de la femme de chambre, Kenneth Thompson, l’avait réclamé le même jour. Le « special prosecutor » est un procureur nommé spécialement pour instruire des affaires très en vue, par exemple par la notoriété de la personne poursuivie, lorsqu’il y a un conflit d’intérêt évident ou pour éviter des pressions politiques. Ce fut le cas dans l’affaire Bill Clinton, mais il est rare d’y avoir recours.
Des visées électorales ?
Mais Bill Perkins semble avoir tout intérêt à afficher son soutien à la victime. En effet, l’élu démocrate est très impliqué dans le rapprochement de deux communautés noires de New York dont la cohabitation est parfois compliquée : les Afro-américains et les migrants venus d’Afrique de l’Ouest – dont la Guinée, pays d’origine de Nafissatou Diallo. Ces communautés qui selon ce dernier ont « largement contribué au renouveau économique de Harlem », semblent être clairement des cibles électorales qu’il faut ménager sur un sujet aussi sensible.
Alors que l’audience qui devait se tenir le 18 juillet est reportée au 1er août, une marche des lobbys communautaires doit être organisée cette semaine à New York.
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